Pour moi, Kérouac, c'est comme un vieil ami que j'ai plaisir à retrouver régulièrement. Savourer sa langue, son tempo, ses voyages et son caractère authentique.
Ce recueil de textes posthumes qui composent Vraie blonde, et autres a été édité en 1993 et traduit en France en en 1998. Il se compose de nouvelles biographiques, d'interviews et de manifestes. L'occasion pour Kérouac de définir sa technique d'écriture (la prose spontanée), d'expliquer sa démarche littéraire. On comprend alors le sens de celle-ci, celle de revivre par écrit ses souvenirs au plus près de ses émotions vécues et d'être le plus sincère possible.
Kérouac semble être lucide face à sa renommée fulgurante. Il tentera de justifier ce mouvement littéraire naissant qu'est la Beat generation dont les journalistes et autres médias s'emparent. Un phénomène littéraire sans précédent qui au delà du cercle littéraire dans lequel il évolue touche peu à peu la société américaine, qui se défait, dans les années 50, d'un conformisme étouffant. Finalement, on peut ouvrir le livre à n'importe quelle page, il n'y a plus qu'à se laisser porter.
Lire Kérouac, c'est partager sa nostalgie, sa solitude, ses espoirs, sa souffrance. Et bien sûr, c'est plonger dans une époque et un monde qui semble avoir complètement disparu aujourd'hui. Etre véritablement "sur la route" embarqué avec lui, dans ses voyages en bus ou en auto-stop. Imaginer les villes qu'il a traversé, les nombreux personnages rencontrés (bien souvent des marginaux). La nouvelle qui donne le titre à l'ouvrage raconte un Kérouac médusé devant une blonde pulpeuse qui lui propose de monter dans sa voiture pour des milliers de kilomètres à ses côtés. C'est jubilatoire.
Vraie blonde, et autres de Jack Kérouac - traduit de l'anglais par Pierre Guglielmina - Folio - Gallimard - 1998.