Pigments d’avenir

Publié le 25 juin 2021 par Aicasc @aica_sc

Pigments d’avenir

22 juin – 24 juillet 2021 | Hall Tropiques Atrium Scène nationale

Les plasticiens émergents peinent à se trouver une juste place sur l’échiquier  artistique local et à se faire connaître du public, indubitablement faute de lieux d’exposition en nombre suffisant. Avec Pigments d’avenir dont le commissaire est Sophie d’Ingianni, Docteure en Sciences de l’Art et Esthétique, Historienne et critique d’art, Membre de l’AICA Caraïbe du Sud, Tropiques Atrium leur offre donc une opportunité bienvenue. Ce sont tous d’anciens étudiants de L’Ecole d’art de Fort- de – France ou même quelquefois toujours en cours de cursus.

On peut regretter que  cette salle des pas perdus ne permette pas une mise en espace plus conforme à ce que l’on pourrait attendre  mais pourquoi ne pas se concentrer plutôt sur les productions artistiques ?

Des thématiques et des pratiques se font écho et dessinent ainsi une cartographie des tendances et préférences des plasticiens en devenir.

Eymeric Moderne Eymeric Moderne

Et pour commencer, les photographies d’Eymeric Moderne ,   J’existe et Fiction ou réalité, de Tracy Théodore,   Mas colonial et du performeur Ludgi Savon, Sans titre. Dans ces trois ensembles photographiques, dans la droite lignée de la photographie post – moderne, chacun des artistes artiste se met en scène dans des auto- portraits fictionnels, ce qui les situe dans la mouvance des Cindy Sherman, Renée Cox, Stacey Tyrell.

Tracy Theodore

Chacun d’entre eux se voile  partiellement le visage, ce qui ne manque pas de renvoyer à la problématique des autoportraits masqués de plusieurs artistes caribéens, Olivia Mc Gilchrist,  James Cooper, Ewan Atkinson,  Kelly Sinnapah Mary. 

Ludgi Savon

Pour Tracey Theodore, c’est une référence à l’oeuvre de Frantz Fanon, Peau noire, masques blancs et l’expression d’une difficulté à se débarrasser d’un masque imposé par le modèle dominant

Eymeric Moderne tente de trouver des réponses à sa question : Comment penser mon corps? Il pense son corps comme un sujet d’expérimentation d’identités variées en relation avec la mode, l’esthétique à sublimer à travers ses clichés.

S agit – il vraiment d’autoportraits ? Si, à la fois photographes et modèles, ils   utilisent leurs corps, leurs images, ils  dévoilent peu leurs êtres intimes mais se mettent en scène, pour s’interroger sur eux – mêmes et questionner la société.

Le thème de la fugacité et de la fragilité de la vie est partagé par Johann Capgras et Jérémie Priam.

Jeremie Priam

Chimères( vidéo) et  Stigmates (photos et objet en 3D)de Johann Capgras témoigne de son travail de résilience face à la maladie. Des fragments de radiographies médicales sont transformés en créatures lumineuse et phosphorescentes plus au moins inquiétantes dans Chimères.  L’impression 3D en laiton, Stigmates, devient un bijou, une médaille,  un trophée, témoin de la victoire sur la souffrance et la maladie.

Johann Capgras Johann Capgras

Le titre de l’assemblage  d’armes – jouets et de seringues, Nous sommes en guerre, emprunté au discours politique, situe cette installation dans le contexte de la pandémie actuelle tout en jouant sur
l’ambiguïté de ces objets qui évoquent a la fois le jeu, l’amusement mais aussi la maladie et la mort.

Johann Capgras

Les vanités de Jérémie Priam, de délicats dessins au feutre sur Canson,  Fragment de l’Infini et Infinité organique qui témoignent d’une impressionnante maîtrise abordent de manière absurde et directe les dérives de la société : la guerre, l’industrie alimentaire, la publicité, la marchandisation des corps et la manipulation des médias. Chaque tableau est le développement d’une critique à interpréter.  Leur réalisation semble vécue comme une performance de dépassement de soi

Madinska  Shaida Eymeric Moderne

La tentation du  graphisme est présente  dans les œuvres de Madinska  Shaida, Racines et d’Eymeric Moderne avec son Eden coloré et attractif comme elle est aussi présente dans les créations d’un autre ancien du Campus, Paul Ford. Deux étudiantes de la section Design , Tracey Theodore et Diana Tuillier exposent des objets, respectivement un cœur bicolore en rotin et laine tissée  qui joue sur les différences de texture et une collection d’éventails. Tania Theleste pour sa part, reste fidèle à une pratique traditionnelle de la gravure.

Diana Thuillier Tracy Theodore

Que cette succincte présentation suscite le désir de découvrir les artistes de demain en visitant cette exposition.