La lecture du livre de Sindiwe Magona, Mère à mère, m’avait profondément touché d’abord parce qu’elle m’apprenait comment la violence de l’apartheid avait marqué l’Afrique du Sud pour plusieurs générations, puis parce que la force de ce livre est aussi de dire qu’il n’y a pas de hiérarchie dans la douleur, qu’on soit la mère d’un enfant assassiné ou celle d’un enfant assassin. "Quand la paix est brisée, il faut aller vers l'autre pour arrêter la violence".
La présence de Sindiwe Magona à Paris m’a donné l’occasion de la rencontrer. Elle était accompagnée de sa traductrice, Sarah Davies Cordova, et présentée par Louis-Philippe Dalembert.
Il y a tellement de choses qui se passent en Afrique du Sud qu’il n’est pas besoin d’en inventer, dit-elle répondant à une question sur la part de fiction dans son livre. Son engagement dans la lutte contre l’apartheid ne l’a pas amenée à siéger dans des institutions politiques mais elle est une vigie dans la vie sociale de son pays. Ainsi, elle alerte dans son livre récemment publié, When the village sleeps (en anglais, et pas encore traduit en français), sur les problèmes qui se posent dans les domaines concernant l’enfance, l’éducation, l’école, la santé. À la question de savoir pourquoi elle avait publié beaucoup de livres pour enfants, elle insiste sur la nécessité de raconter des histoires et de jouer, le jeu ne devant pas être réservé à l’enfance. Elle dit aussi qu’un des problèmes pour les enfants est sans doute l’absence des pères.
Sindiwe Magona est une voix importante dans la littérature sud-africaine et mondiale. Je remercie les éditions Mémoire d’encrier pour cette rencontre, la quatrième d’une tournée en France passant par Nantes, Gif-sur-Yvette (91) et Paris.