La librairie L’établi, à Alfortville, recevait, ce 23 juin, Gerda Cadostin pour son livre Laisse folie courir (éd. Mémoire d’encrier). Au cours de la soirée, elle a parlé de Frankétienne, qui fut son professeur à Port-au-Prince et grâce à qui elle a pu passer le bac. Frankétienne est poète, dramaturge, peintre, musicien, chanteur et enseignant.
Chaque jour, j'emploie le dialecte des cyclones fous. Je dis la folie des vents contraires. Chaque soir, j'utilise le patois des pluies furieuses. Je dis la furie des eaux en débordement. Chaque nuit, je parle aux îles Caraïbes le langage des tempêtes hystériques. Je dis l'hystérie de la mer en rut.
Dialecte des cyclones. Patois des pluies. Langage des tempêtes. Déroulement de la vie en spirale. Fondamentalement la vie est tension. Vers quelque chose. Vers quelqu'un. Vers soi-même. Vers le point de maturité où se dénouent l'ancien et le nouveau, La mort et la naissance. Et tout être se réalise en partie dans la recherche de son double. Recherche qui se confond à la limite avec l'intensité d'un besoin, d'un désir et d'une quête infinie.
Extrait de Mûr à crever publié dans la revue Intranqu’îllités (hors série I et II)
accompagné d'une oeuvre de Sébastien Jean (détail)
Je m’invente des chemins fous.
Je m’exerce aux mirages.
Le réel revient en court-circuit, m’assaille de litanies et rejette à mes pieds mes bagages d’accablement.
Immobile dans mon étymologie, je varie mes harmoniques, je renforce mes défaillances, j’appréhende mes ambiguïtés, je décape mes erreurs jusqu’à l’imaginaire écorché pur et je soigne mes amours terminales.
Extrait de Anthologie secrète (éd. Mémoire d’encrier)