Avec les prêts obtenus auprès de la Bad, le gouvernement doit trouver 22 milliards F.Cfa pour boucler le financement de la Ring Road longue de 365 km.
Le Cameroun espérait mobiliser auprès de la Banque africaine de développement (Bad) la totalité du financement pour construire la Ring Road dans la région du Nord-Ouest, soit 167,3 milliards F.Cfa. Pour l’heure, l’institution financière n’a accordé qu’une partie des fonds demandés pour la route nationale N.11. L’accord de prêt signé ce 18 juin 2021 porte sur 106 milliards F.Cfa. Il intervient un an après l’autorisation de signature donnée au ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat) par le président de la République, Paul Biya.
Le projet bénéficie aussi d’un prêt de 27,9 milliards F.Cfa auquel la Bad est également partie prenante via un fond fiduciaire qu’elle gère, à savoir l’Africa Growing Togetehr Fund (AGTF). A ces deux opérations, s’ajoute la troisième qui est d’ailleurs la toute première effectuée en 2019. En effet, la banque avait débloqué un crédit de 11,78 milliards F.Cfa pour financer les études techniques de la Ring Road. Ces trois financements portent la contribution extérieure à 87% de l’enveloppe globale du projet. A charge au gouvernement du Cameroun de trouver les 21,62 milliards restants pour boucler le financement de ce projet.
A ce jour, les fonds sont disponibles pour les travaux sur 280 km, sachant que la Ring Road mesure 365 km. Il s’agit de la plus grande infrastructure routière jamais réalisée dans le Nord-Ouest. Le Ring Road porte bien son nom, car cette route est une boucle qui part de Bamenda et revient à Bamenda. Le bitume partira donc du chef-lieu de la région, passera par les villes de Bambui, Ndop, Babessi, Kumbo, Nkambe, Misaje, Nyos, Wum ou encore Bafut. La ceinture ainsi réalisée aura parcouru cinq des sept départements du Nord-Ouest.
Les 280 km déjà financés s’étalent ainsi qu’il suit : le tronçon Bambui-Ndop-Babessi y compris la bretelle Babungo-Dawara, l’axe Kumbo-Nkambe-Misaje ainsi que la voie de contournement de la ville de Nkambe, la route Misaje-Dumbo-frontière Nigeria, enfin le trajet Wum-Bafut-Bamenda.
Route de la paix
L’ampleur du projet fait dire qu’il s’agit de « la route de la paix », selon les termes de Serge N’Guessan, le directeur général de la Bad pour l’Afrique Centrale et responsable pays pour le Cameroun. Un avis partagé par la partie camerounaise, notamment le Minepat, Alamine Ousmane Mey, convaincu que le développement est une solution au problème anglophone qui, en 2016, a donné naissance à une insurrection armée dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. L’enjeu aujourd’hui est de reconstruire ces territoires affectés par la guerre.
Le gouvernement annonce qu’en même temps que seront construits les premiers 280 km, des aménagements connexes seront réalisés (voiries urbaines et pistes de désenclavement des villages et des bassins agricoles), des appuis seront accordés aux femmes et aux jeunes, sans compter les études qui seront effectuées pour certains projets routiers. Dans la continuité du projet, il est également prévu la réhabilitation des établissements scolaires, la construction des magasins de stockage des produits agricoles, la construction des centres multifonctionnels des femmes et des jeunes.
L’enjeu social de la Ring Roda paraît clair : conquérir les cœurs et les esprits afin de gagner la guerre contre le sécessionnisme. Le challenge reste pourtant de réussir ces travaux en contexte d’insécurité et de d’affrontements armés qui ont déjà contraint les entreprises à quitter les chantiers sur cette même Ring Road.