Les clients et les usagers remettent en question le professionnalisme et l’éthique de certains mécaniciens garagistes. Un avant-projet de charte vient d’être adopté pour mettre de l’ordre dans le secteur.
Les rapports entre les clients et les acteurs de l’automobile ne sont pas toujours sains. L’impression de la clientèle laisse à croire que ces individus ne font pas preuve de professionnalisme. Les avis des uns et des autres sur le travail des mécaniciens-garagistes n’encouragent pas les plus jeunes à se lancer dans une formation de ce secteur d’activité. « Les garagistes sont des personnes très malhonnêtes. Avec eux, il n’existe pas de confiance. Ils sont des réparateurs et en même temps des déclencheurs de pannes dans les véhicules », s’exaspère William Bessala, automobiliste. Et d’ajouter : « Très peu de mécaniciens et garagistes ont encore le sens de la morale et de l’éthique dans le travail. Pour d’autres le plus important c’est de se faire de l’argent ». Une situation qui indigne plus d’un client. « Nous sommes parfois déçus par le comportement qu’affichent nos mécaniciens. Certains doublent voire triplent le prix des pièces à acheter. D’autres font un mauvais diagnostic de la panne. Parfois, les pannes ne sont pas si graves, mais ces derniers réussissent à vous convaincre de la gravité de la panne », se lamente Olivier Messi. « Ces individus se permettent de créer des pannes qui n’existent pas juste pour escroquer de l’argent. Malheureusement, nous ne maîtrisons pas la chose pour réparer nos propres véhicules. Nous pensons qu’ils ont choisi ce travail et devraient le faire avec enthousiasme et passion », confie Marie Onguene.
Des voleurs en sourdine
Au-delà de ces plaintes, le phénomène de vol dans les garages. « Lorsque amenez votre véhicule au garage, il est important de ne rien laisser à l’intérieur. Il y a des fois où l’argent m’a été volé dans mon véhicule. Parfois des clés Usb ou des bijoux laissés dans votre voiture disparaissent », confie un conducteur de taxi, Bernard Ntang. Martine Ngono déplore cette situation au sein des garages et dont les responsables sont souvent complices avec les mécaniciens pour emporter les effets ou objets des clients. « Une fois, je me souviens j’ai eu une panne des bougies. Je me suis rendue dans un garage pour les faire réparer. Dans mon véhicule, il y’avait un petit téléphone portable Samsung, un parapluie et une montre. De retour à la maison, je me suis rendue compte que ma montre n’y était plus », raconte-t-elle. « Le lendemain je suis retournée dans ce garage pour réclamer ma montre. Malheureusement pour moi, ces mécaniciens ont nié les faits », poursuit-elle. Une situation que vivent au quotidien les clients.
Le changement des pièces des véhicules est également une pratique récurrente pour les mécaniciens-garagistes. Ils sont nombreux à remplacer de bonnes pièces par des mauvaises. « Lorsque vous arrivez dans un garage et le mécanicien constate que vous avez une pièce de bonne qualité, ça peut être les bougies, ce dernier les remplace par des moins bonnes. Par conséquent, votre véhicule sera régulièrement en panne », explique un conducteur de camion.
Un manque de professionnalisme
« Certains mécaniciens détectent la panne par hasard. Ils font une étude approximative du problème. Ils ne maitrisent vraiment pas le métier », indique Josué. La formation et le professionnalisme des acteurs du secteur automobile sont un problème pour les clients. « Ils sont nombreux qui se forment dans le tas. Ils n’intègrent aucune école ou une institution de formation. Ils apprennent et font la pratique sur les véhicules des clients. Par conséquent, l’on se retrouve au garage tous les jours pour une répétition des pannes » ajoute Josué. Avec l’apparition des nouvelles technologies dans le secteur de l’automobile, bon nombre de mécaniciens-garagistes font preuve d’incompétence. Ils n’actualisent pas leurs connaissances et ne prennent pas en compte l’avancée de la technologie dans leur domaine d’activité. « Ces personnes se limitent très souvent à l’apprentissage ancien. Ils ne font pas des études de renforcement des capacités pour s’adapter aux technologies. Leur façon de travailler reste tout de même archaïque et doit être améliorée. », déplore Martin. « Vous arrivez dans un garage et le mécanicien est incapable de réparer une panne. Puis qu’il ne peut pas vous dire la vérité, il met la main de partout sans avoir ciblé l’endroit exact où se trouve la panne », ajoute-t-il.
Le problème d’insalubrité est une autre préoccupation des clients. « Les garages et les mécaniciens sont sales. Ils ne soignent pas leurs apparences. Certains salissent les sièges des véhicules. Nous pensons qu’être mécanicien n’est pas un synonyme de saleté », confie Isodore Kamdem.
Par ailleurs, les acteurs du secteur automobile formulent également des plaintes à l’endroit des usagers et des clients. « Nous sommes confrontés au problème du coût de la main d’œuvre. Les clients ne donnent presque pas la somme qui leur est demandée en fonction de la panne. Nous bénéficions du manque de confiance de nos clients », déplore Daouda Abraham, mécanicien. « Un propriétaire de véhicule pense qu’il ne peut pas payer 50.000 voire 90.000 Fcfa à un mécanicien », lance-t-il tout souriant. Les clients doivent être de plus en plus regardants et attentifs lorsqu’on effectue un travail sur leur véhicule. Ces derniers déplorent l’amateurisme dans ce travail. « Nous pensons que seules les personnes formées dans les métiers de l’automobile ont le droit de mettre sur pied un garage. Aujourd’hui, nous voyons des garagistes qui n’ont aucune connaissance des notions de l’automobile. Ainsi, nous assistons au recrutement des individus non formés. Dans une certaine mesure, ces propriétaires de garage se substituent à des mécaniciens », relève le président du syndicat des mécaniciens et garagistes, Mathieu Enyegue.
Pour pallier ce problème qui existe entre les clients et les différents acteurs du secteur automobile, un atelier d’examination et d’adoption de l’avant-projet de charte de réparateurs automobiles s’est tenu le jeudi 17 juin 2021 à Yaoundé. Organisé par le centre de recherche et d’appui des métiers de l’automobile et le syndicat national des garagistes et des mécaniciens du Cameroun, ce document vise à mieux réglementer le secteur de l’automobile en mobilisant toutes les énergies nécessaires pour le rendre professionnel.