Les femmes de ses fils

Publié le 22 juin 2021 par Adtraviata

Quatrième de couverture :

Et une belle-fille de plus, se lamente Rachel. Telle une louve, protectrice et possessive, elle refuse de laisser ses trois garçons, adultes et mariés, s’éloigner d’elle. Au gré des crises et des désirs d’émancipation, les liens familiaux se font et se défont. Rachel acceptera-t-elle de ne plus être la reine de son petit monde ?

Voilà une nouvelle histoire de famille imaginée par Joanna Trollope, qui est vraiment très experte dans le genre. Une famille de trois fils adultes élevés par des parents aimants aux personnalités bien marquées, Rachel et Anthony, trois fils qui construisent à leur tour leur couple, leur propre famille. Jusque là, Rachel a dirigé son monde avec autorité et personne n’a jamais remis en cause ses interventions. Du moins ceux qui ne voulaient pas qu’elle intervienne dans leur vie (Sigrid, la belle-fille suédoise, épouse d’Edward, le fils aîné) se sont débrouillés pour l’en écarter le temps qu’il fallait, sans remettre en cause son statut. Rachel est particulièrement heureuse que Ralph, son deuxième fils au caractère si imprévisible, ait trouvé l’âme soeur en la personne de Petra, discrète et solitaire étudiante en art d’Anthony, qu’ils ont accueillie à bras ouverts et qui a semblé rentrer dans le moule familial « rachelien ».

C’est le mariage du troisième fils, Luke, avec la belle Charlotte, et la perte d’emploi de Ralph qui vont faire basculer le modèle familial. Charlotte bouscule les préséances implicitement accordées à Rachel par ses fils et les décisions unilatérales de Ralph concernant son nouvel emploi pétrifient, si j’ose ce mauvais jeu de mots, Petra. La mater familias tente bien de garder sa place ais c’est peu à peu au niveau des fils et de leurs épouses que les lignes vont bouger, plus au niveau des parents et grands-parents.

Derrière cette couverture un brin racoleuse, c’est une histoire sur la famille, sur le couple, sur les liens belle-mère belle-fille et mère fille, bien sûr, sur la transmission familiale, une histoire qui, une fois encore, m’a embarquée dans ses ressorts psychologiques finement explorés par Joanna Trollope. La romancière crée des caractères forts, intéressants, qui évoluent subtilement grâce au dialogue ou à l’intuition selon les moments. Elle n’oublie pas les enfants, la pétillante Mariella ou les petits Kit et Barney, témoins malgré eux des histoires de « grands ». On peut se retrouver dans ces personnages, dans ces sentiments ambivalents et on peut y puiser la certitude que, oui, les choses peuvent évoluer, même quand l’horizon semble bouché. Et finalement, c’est l’amour et l’éducation reçus au sein de la famille qui permettent ces évolutions.

Joanna TROLLOPE, Les femmes de ses fils, traduit de l’anglais par Johan-Frédérik Hel Guedj, Pocket, 2014 (Editions des Deux Terres, 2013)

Dans le cadre du Mois anglais, c’est une lecture commune avec Enna et cela compte aussi pour le Petit Bac 2021 (Etre humain).