Si le corps est "le temple du divin", alors l'opprimer par des pratiques ascétiques ou yogiques puritaines, c'est opprimer le divin en nous. C'est ce que dit Krishna dans la Gîtâ :
aśāstravihitam ghoraṃ
tapyante ye tapo janāḥ
dambhāhaṃkārasaṃyuktāḥ
kāmarāgabalānvitāḥ 17, 5
karśayantaḥ śarīrasthaṃ
bhūtagrāmam acetasaḥ
mām caivāntaḥśarīrasthaṃ
tān viddhy āsuraniścayān 17, 6
"Des ascèses cruelles,
qui ne sont pas enseignées par les traités :
les gens qui les pratiquent
sont doués d'hypocrisie et d'égo,
plein d'avidité, de passion et de violence.
Ils affament les éléments/les êtres présents dans le corps,
ces inconscients !
Et ainsi c'est moi,
qui suis présent dans le corps,
qu'ils affament.
Saches donc que leur croyance est démoniaque."
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Dieu, la Déesse (Krishna est une manifestation de Kâlî) est présente dans le corps. Elle est la conscience, le feu du "je suis" qui brûle au centre de l'être et qui, tour à tour, rayonne à travers les organes ou résorbe tout en elle, au moment de l'endormissement, par exemple. C'est elle qui se déverse comme des coulées de lumière, lors de la pratique de la Méditation de Shiva/Bhairava. Le corps est "la totalité des êtres" (bhûta-grâma), dit Krishna. Le corps est microcosme. Opprimer le corps, c'est opprimer l'univers. Vouloir supprimer ceci, puis cela, jusqu'à ne plus manger que des pommes (par exemple), c'est détruire la biodiversité dans le corps, c'est tuer les divinités. C'est un sacrilège. Ainsi vivent les "inconscients" (acetasa), les égarés, les endormis. Esclaves de la consommation, ils deviennent ensuite, dans une réaction mécanique, esclaves de l'ascétisme.