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Le progrès existe, je l’ai rencontré

Publié le 21 juin 2021 par Magazinenagg

 La notion de progrès est aujourd’hui remise en cause par des idéologues ou par le fondamentalisme religieux. Mais le progrès existe. Il suffit d’observer certaines tendances fondamentales pour s’en convaincre.

L’idéologie écologiste a beaucoup contribué à la morosité ambiante. En remettant en cause les bienfaits du progrès technique, elle parvient à promouvoir une conception quasi-religieuse du devenir historique. Les extrémistes de la décroissance et de la collapsologie (effondrement brutal de notre civilisation) nous prédisent même un retour prochain à la barbarie.

La peur de l’avenir est un des leviers les plus puissants des idéologies et des religions. « Si vous ne croyez pas et n’agissez pas selon mes préceptes, vous irez en enfer. » Cela fonctionne très bien avec les enfants mais aussi avec de nombreux adultes.

C’est tellement confortable ! Il n’est plus nécessaire de chercher, de réfléchir, de tenter difficilement de se former une opinion, bref d’être dans l’incertitude permanente. Il suffit de croire à un corpus idéologique simple pour éviter l’enfer. Selon la doxa écologiste, l’enfer peut désormais apparaître ici-bas, sur notre petite planète, par un effondrement civilisationnel.

VERS UNE BAISSE DE LA POPULATION HUMAINE

Pourtant, rien dans l’observation du réel ne permet de corroborer ces prédictions catastrophistes. Certes, nous avons un peu trop bousculé la nature en y puisant énergie et matières premières et en réduisant la biodiversité. Notre croissance démographique incontrôlée depuis trois siècles y est pour beaucoup. En passant de un à environ 10 milliards d’êtres humains entre 1800 et 2000, avec une puissance technologique fortement croissante, il ne pouvait pas en être autrement.

Mais les évolutions observées depuis quelques décennies conduisent à la décroissance démographique et à la croissance économique immatérielle. En ce qui concerne la démographie, le taux de fertilité mondial (ou indice de fécondité) fourni par la Banque mondiale est passé de 5 enfants par femme en 1960 à 2,4 en 2019. Il doit être supérieur à 2,1 pour que la population croisse. Ce sont les pays les plus pauvres, en particulier africains, qui tirent l’indice vers le haut, comme le montre cette carte :

Taux de fertilité (naissances par femme) en 2019. (Source : Banque mondiale)

Le progrès existe, je l’ai rencontré

Le taux reste très élevé (supérieur à 4) dans certains pays mais chute rapidement. Dans tous les pays développés, il est inférieur à 2,1. Dans ces pays, sans l’apport de l’immigration, la population baisserait déjà. Il n’existe aucun pays où ce taux de fertilité a augmenté depuis 1960. Une transition démographique majeure est donc à l’œuvre, ce qui n’est pas vraiment une surprise. Il n’est même pas concevable que la population humaine puisse continuer à croître comme au cours des deux derniers siècles.

CROISSANCE IMMATÉRIELLE

Le second élément qui permet d’espérer est la croissance économique. Fondamentalement, l’être humain est fait pour créer puisqu’il se caractérise par son intelligence. Il n’a jamais rien fait d’autre et cela avant même l’apparition d’Homo sapiens.

Il serait vraiment surprenant qu’il s’arrête en si bon chemin. Évidemment, créer ne se résume pas à construire des autoroutes, d’immenses bâtiments ou des produits de consommation à caractère matériel. Il en faudra encore à l’avenir, mais le retraitement des matières utilisées et l’inépuisable ingéniosité de l’être humain permettront de faire face. Une économie dite circulaire se met déjà en place.

Le plus important dans les évolutions constatées est le développement de l’immatériel. La part des services dans le PIB des pays développés ne cesse de croître. Elle représente environ 70 % du PIB français actuel contre seulement 17 % pour l’industrie. Cette évolution n’est pas spécifique à la France puisque pour l’ensemble de l’OCDE, les services se situent autour de 70 % du PIB.

Certes, services ne signifie pas immatériel. Le transport, le commerce utilisent des biens matériels. Mais la tendance globale est au développement du capital immatériel. Cette expression recouvre les droits de propriété intellectuelle sur les brevets, marques, dessins, modèles, etc. Selon un rapport de l’OMPI (Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle) de 2017, le capital immatériel représentait 5900 milliards de dollars aux États-Unis et contribuait deux fois plus que le capital matériel à la valeur des biens manufacturés.

La numérisation générale de l’information et l’intelligence artificielle, qui n’en sont qu’à leurs débuts, feront croître encore considérablement l’importance de l’immatériel. Le télétravail, les vidéoconférences ont connu un développement important pendant la pandémie de Covid-19.

Selon les prévisionnistes, après la pandémie les grandes entreprises renonceront à de nombreux déplacements physiques de certains personnels comme les cadres et les dirigeants et introduiront un part variable de télétravail dans tous les cas où ce sera possible. Le transport aérien sera affecté et revoit déjà à la baisse ses prévisions de croissance. Les GAFAM, au contraire, peuvent regarder l’avenir avec optimisme. Toutes les activités tournant autour du Big Data également.

Une première étape a donc été franchie vers l’économie de l’immatériel. Et dans ce domaine, le potentiel de croissance est infini, avec une très faible consommation de matières premières et d’énergie par rapport aux activités industrielles.

LE DESTIN DES HOMMES

La croissance économique se poursuivra donc, contrairement aux prévisions de nombreux écologistes. Conceptuellement d’ailleurs, cette poursuite de la croissance économique de façon de plus en plus dématérialisée est inéluctable. Il faudrait revenir à une conception antique de l’univers pour qu’il en soit autrement.

Dans l’Antiquité, sciences et techniques étaient considérées comme des arts réservés à l’aristocratie, la production étant une malédiction accablant le bas-peuple et les esclaves. Mais l’une des évolutions majeures de notre Histoire est justement la prise de conscience de notre capacité de changer le monde grâce à notre intelligence, d’agir sur lui en utilisant les ressources que la nature nous offre.

Sciences et techniques sont le vecteur principal du devenir historique. Elles le resteront sur le long terme, quels que soient les épisodes idéologiques ou religieux qui pourraient survenir. Ce ne sont pas les philosophes et les prêtres qui définissent notre avenir mais les scientifiques et les techniciens.

Nous ne nous plierons pas à nouveau au fatalisme de nos ancêtres. Nous resterons des Hommes libres face à l’univers infini, avec notre solitude et toute sa grandeur, car tel est notre destin.


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