Ils et elles étaient venus là, sur le site d’un ancien hippodrome, pour commémorer à leur façon, sur le même registre culturel que celui qui y a si tragiquement perdu la vie, la mort de Steve Maia Caniço, sur laquelle on apprend qu’une fois de plus les forces de l’ordre ont menti… La place du mensonge dans les affaires de violences policières tient décidément une place bien centrale qui ne crédite pas vraiment les versions officielles en la matière. Bref.
On ne peut que se demander ce qui justifie d’envoyer de tels commandos sur-armés et entraînés s’en prendre à des jeunes pour la plupart pacifiques, qui ne font après tout qu’écouter de la musique et danser… Quel grand péril et quel trouble à l’ordre publique que voilà ! Soupirs…
Cette disproportion de l’usage de la force devient de plus en plus absurde, depuis le temps que j’observe ce phénomène… Cela fait maintenant des dizaines d’années que les raves party existent, et malgré toutes les obstructions publiques dont elles font systématiquement l’objet, et les trésors de perversité déployés par les pouvoirs en place pour non seulement les empêcher, mais au-delà même les éliminer, les détruite, les faire inexister, on voit bien avec le temps qu’ elles ne sont pas prêtes de s’arrêter, et que tout cet étalage de force publique brute rimant avec une débauche de moyens matériels, humains et financier est gâchée en pure perte. Les torrents d’opprobre des bien-pensants, tout comme les régurgitations de mépris social ou les séances habituelles de conditionnement médiatique à en penser le plus grand mal n’y changent absolument rien. Alors pourquoi tant de haine ? … plutôt que de l’acceptation, de la bienveillance et un minimum d’encadrement supportable, de la part des autorités ?
Il semblerait que certains des derniers espaces de liberté soient devenus de plus en plus insupportables pour les pouvoirs en place, qui ne parviennent pas à museler comme ils le souhaiteraient cette population si vivante et vibrante, qui marche en dehors des clous, à l’image de leurs cousines que sont les ZAD, envers lesquelles les autorités sécuritaires développent la même coercition militarisée… Ce n’est à mon sens pas un hasard. Il m’apparait qu’y règne là une forme d’esprit anarchiste qui est devenue visiblement odieuse aux dominants et à la classe bourgeoise, de manière totalement épidermique, et sans le moindre discernement . Ce qui s’est passé, en gros comme sur les détails à Redon a franchement de quoi interroger sur les pratiques de maintien de l’ordre dans ce pays, que certains osaient encore citer en exemple pour le monde entier il y a quelques années, alors qu’aujourd’hui, la France est plutôt montrée du doigt à ce sujet. Mais de cela il ne sera rien dit. On préférera montrer en gros plan au journal de 20 heures (que tant de gens bien avisés ne regardent plus et pour de bonnes raisons) des images de riot porn décrédibilisant la totalité d’un mouvement qui ne saurait pourtant se résumer à ces franges les plus hostiles et aguerries au combat… Mais c’est tellement plus facile, et vendable médiatiquement au bon peuple de France… 😉 que de se poser les bonnes questions.
Ainsi, pour ceux qui s’indignent de ce qu’une minorité d’entre eux ait choisi la méthode forte pour repousser les forces de l’ordre, quoi de plus naturel à mes yeux, quand des gens pacifiques sont ainsi aussi massivement agressés, et certains d’entre eux mutilés, alors mêmes qu’ils commémorent la mort de l’un d’entre eux, auxquels ils s’identifient tous, tant cela aurait pu être aussi, leur propre sort ? Qu’un jeune ait choisi de renvoyer une arme aussi dangereuse qu’une grenade de défense à l’envoyeur devrait interroger d’avantage sur la violence de l’armement des forces de l’ordre, et du peu de cas que l’on fait des vies des rebelles, que sur l’imprudence d’un jeune qui le paiera si cher, d’une main arrachée.
Et comme pour démontrer si besoin en était que cette débauche d’agressivité des agents du monopole de la violence, celle de l’Etat, est motivée avant tout par des raisons idéologiques plus que par des questions de maintien de l’ordre et de sécurité (on se moque bien en pareille circonstance en effet de celle de ses teufeurs, dont la vie semble de bien moindre valeur que celle d’un CRS), on ne répugne pas de la part de la hiérarchie de ces forces armées même, à clamer haut et fort ce que l’on fait de leur matériel, de manière totalement illégale, mais tellement sûre de sa totale impunité, comme de plus en plus clairement jour après jour, dans cette ambiance de pré-fascisme :
Il semblerait que la modeste soi-disant « saisie provisoire » se soit transformée en destruction systématique de matériel de gros son, pratiquant ainsi une forme de dissuasion par un coup de force relevant d’une forme de terrorisme, ce qui ne sera bien sûr pas ébruité dans l’histoire officielle…
On ne comprend que trop bien, vu le contexte, pourquoi ces gens veulent interdire de filmer… et vont même jusqu’à agresser délibérément les journalistes…
Alors, sachant tout cela, on ne peut plus être dupe du discours officiel plus fortement médiatisé qu’un autre, au point que c’en devienne une grotesque propagande, qui consiste à jeter les tufeurs en pâture au public pour se disculper de ses propres avanies. Seuls les gogos qui y ont fortement intérêt, un intérêt purement idéologique, peuvent encore gober cela. Tenants du monde macroniste, et du bloc bourgeois, ne me demandez pas d’avaler vos couleuvres.