La Nuée // De Just Philippot. Avec Suliane Brahim, Sofian Khammes et Marie Narbonne.
Là où cela aurait pu facilement devenir un film raté, La Nuée est une excellente surprise. Dans sa façon de mélanger les genres du drame social à l’écologie en passant par la critique de notre alimentation, La Nuée créé une ambiance terrifiante autour d’un élevage de sauterelles comestibles. La plus grande réussite de La Nuée ce sont ses personnages qui parviennent à rendre le tout encore plus effrayant grâce à leur réalisme. Suliane Brahim dans sa relation avec ses sauterelles devient une actrice qui fait corps avec son personnage. La psychologie, particulièrement bien travaillée permet de rapidement nous attacher au récit tout en cherchant à nous faire peur. Là où La Nuée aurait pu être un échec c’est justement dans ce mélange des genres qui donne par chance quelque chose de fort au récit. On passe de quelque chose de très social (notamment dans la relation avec les enfants depuis la perte de leur père, les critiques qui fusent dans ce petit village, etc.). Petit à petit, La Nuée cherche à nous impliquer dans le récit en nous rendant à la fois coupable et juge de ce qui se passe.
Difficile pour Virginie de concilier sa vie d’agricultrice avec celle de mère célibataire. Pour sauver sa ferme de la faillite, elle se lance à corps perdu dans le business des sauterelles comestibles. Mais peu à peu, ses enfants ne la reconnaissent plus : Virginie semble développer un étrange lien obsessionnel avec ses sauterelles...
Dans sa mise en scène posée, Just Philippot se concentre sur des instants qui font souvent encore plus d’effet que de grosses scènes d’horreur pures. Car l’horreur est souvent suggérée plus qu’elle n’est réellement montrée. Il y a des inspirations clairement américaines ici et notamment dans le cinéma de David Cronenberg. Ce dernier a toujours été la modification des corps et l’on retrouve pas mal de son cinéma dans la mise en scène et le scénario de La Nuée. Le film ajoute alors un propos très français : le social et notamment la situation des agriculteurs qui doivent tout faire pour subvenir à leurs besoins ou encore le racisme par rapport au personnage de Karim, viticulteur qui n’aura pas eu la chance de faire ce qu’il aime faire si il n’avait pas été aidé simplement car il n’est pas blanc. L’orchestration narrative du film est forte et créé petit à petit quelque chose de percutant. Croyez moi, si vous n’aimez pas les sauterelles ce film ne fera que vous conforter dans ce que vous pensiez déjà.
Note : 8/10. En bref, un savoureux mélange de propos qui dans un contexte horrifique parvient à créer une excellente surprise.
Sorti le 16 juin 2021 en France - Retournons au cinéma !