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La vie politique Française est-elle ouverte à une percée comme celle d'Obama sur la scène politique Américaine ? Une comparaison qui en dit long sur les différences de ces deux démocraties.
Avec sa récente tournée, le candidat démocrate touche au statut de "demi-Dieu". L'Europe et la France semblent tombées sous la séduction.
Il paraît donc naturel de s'interroger sur le point de savoir si un "Barack Obama" serait possible en France ?
Le phénomène Barack Obama n'a été possible aux Etats-Unis que grâce à quatre facteurs difficilement transposables en France.
La première différence réside dans la conception même des partis politiques. Aux Etats-Unis, chaque parti est la structure garante de la bonne organisation de la compétition. Il ne devient un outil à la disposition du candidat qu'une fois celui-ci officiellement désigné. La culture de "bonne gestion d'un parti" veut que l'intérêt du parti conduise à la désignation du meilleur candidat. Le responsable du parti est dans une logique de "chairman" qui défend les intérêts du parti et non pas les intérêts d'un candidat. Cette culture est une différence majeure entre les Etats-Unis et la France.
Si le parti était acquis à la candidature d'un candidat, la compétition serait faussée. En France, le parti est acquis à la cause d'un candidat. La compétition est un signe extérieur de relations publiques bien davantage qu'une réelle compétition loyale se déroulant au sein d'un parti neutralisé dans l'attente de la désignation de son candidat.
Par cette première différence, un profil " institutionnel " comme celui d'Hillary Clinton aurait pu compter sur un appareil politique cassant toute concurrence interne.
La seconde différence réside dans la conduite même de la campagne. Une primaire Américaine est un retour aux racines. La clef invariable, c'est le candidat qui mouille la chemise en s'enfonçant dans le pays profond. La télé, Internet … ne changent pas cette réalité culturelle. Pour l'avoir méconnue, en 2007, Rudolph Giuliani a subi une cuisante défaite. Le statut d'ex-First Lady d'Hillary Clinton, avec le cortège de mesures de sécurité, l'a indiscutablement handicapée en la matière. Pendant ce parcours initiatique, il faut être au coin de la rue à serrer des mains, parler à un petit groupe. Obama et McCain sont de remarquables candidats en ce domaine.
Là encore, bien que de dimension terriblement plus modeste, la politique Française connaît peu cette proximité. Jacques Chirac a probablement été le dernier candidat à sillonner la France dans chacune de ces circonscriptions et encore faut-il remonter à sa campagne législative de 1978 et à sa présidentielle de 1981. Les campagnes ultérieures ont témoigné une moindre densité de présence sur le terrain.
Cette présence sur le terrain permet de "labourer sans intermédiaire" et d'offrir l'impact direct de la diversité. Les médias sont alors une caisse de résonance. C'est ainsi que le courant Obama s'est créé. Le visionnage des reportage d'alors est très instructif. Les journalistes évoquent le "tour de piste" avant la prochaine présidentielle de 2012, l'isolement, l'inexpérience …
La troisième différence tient aux méthodes de financement et de marketing public. En France, tout est verrouillé alors qu'aux Etats-Unis presque tout est possible. L'absence de publicité politique à la télévision est un terrible goulet d'étranglement. En dehors d'émissions spécialisées ou des informations, aucune communication n'est possible. Aucun comité exploratoire ne permet de collecter des fonds. Il faudrait créer un parti politique mais, là aussi, l'inégalité des moyens serait considérable entre le "candidat du parti" et les autres. En effet, le financement public transforme chaque parti en "trésor de guerre".
La quatrième différence réside dans les critères du choix. Aux Etats-Unis, le choix c'est la personnalité du candidat. McCain porte l'histoire de l'Amérique qui combat, qui honore ses militaires. Obama c'est le héros moderne multiracial qui fascine par le glamour qui en résulte.
C'est ce combat de caractères qui passionne. Il y a une inertie, une paresse voire même une réticence face au débat intellectuel. La présidentielle est un "débat d'hommes" où la coulisse de la campagne en apprend autant que le devant de la scène puisque l'enjeu c'est de connaître le tempérament.
Pour toutes ces raisons pratiques, la vie politique Française est considérablement plus fermée et rend difficile voire impossible une percée comme celle d'Obama.