ECLAIRAGE RELATIO-EUROPE, par William PETITJEAN
Prudence. Et détermination. A Belgrade comme dans toutes les capitales européennes, on sait que la période actuelle est autant chargée d'espoirs que de craintes. Prudence parce que l'arrestation de Karadzic est un signe positif qui ne gomme pas bien des ombres : Mlalic et d'autres criminels de guerre courent encore, les ultranationalistes serbes n'ont pas dit leur dernier mot (certains menacent même d'assassiner le premier ministre) et le dossier Kosovo reste une « bombe à retardement ». Détermination : les orientations pro-européennes de la majorité au pouvoir à Belgrade doivent se conformer et s'accentuer.
Dans l'immédiat, trois informations qui ne sont guère réjouissantes pour les démocrates :
1) L'avocat de Radovan Karadzic, selon Politika, a fait appel au dernier moment pour tenter d'empêcher l'extradition de son client au Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) de La Haye.
2) Le Parquet de Serbie a annoncé avoir ouvert une enquête sur les menaces adressées par les ultranationalistes serbes au président Boris Tadic après l'arrestation de Radovan Karadzic.
Vjerica Radeta, dirigeant du SRS, a accusé Boris Tadic de trahison et a dit qu'il pourrait bien connaître le même sort que Zoran Djindjic. Ancien maire de Belgrade et Premier ministre de Serbie, cet opposant démocrate au régime de Slobodan Milosevic avait été abattu par des extrémistes serbes en 2003. Principale figure du mouvement populaire qui avait abouti à la chute de Milosevic, Djindjic avait joué un rôle central dans l'arrestation de ce dernier et son transfert au TPYI.
Par ailleurs, plusieurs milliers de Serbes de Bosnie ont participé aujourd'hui à des manifestations d'une heure dans plusieurs villes de l'entité serbe de Bosnie, la Republika Srpska (RS), pour marquer leur soutien à leur ancien chef, Radovan Karadzic.
Menées par Mladen Bosic, l'actuel chef du Parti démocratique de Serbie (SDS), fondé par Radovan Karadzic, quelque 2.000 personnes se sont ainsi rassemblées à Pale, près de Sarajevo, bastion de Karadzic pendant la guerre de Bosnie qui a ravagé cette ex-république yougoslave de 1992 à 1995.
Les manifestants portaient des photos du criminel de guerre et des banderoles le qualifiant de «héros serbe». Certains d'entre eux étaient vêtus de tee-shirts ornés de photos de Karadzic et de l'ancien chef militaire Ratko Mladic, toujours recherché. Environ un millier de personnes ont également défilé dans les rues de Banja Luka, capitale des Serbes bosniaques. Mais ces manifestations n'ont visiblement pas eu l'ampleur qu'auraient souhaitée leurs organisateurs.
3) Aucune nouvelle des autres bourreaux en cavale...Les Européens Néerlandais et Belges en tête, maintiennent donc la pression sur le nouveau gouvernement serbe, afin d'être sûrs que Belgrade fera tout pour arrêter les derniers criminels de guerre serbes encore recherchés, en particulier Ratko Mladic, ex-chef militaire des Serbes de Bosnie. Les Pays-Bas et la Belgique demandent ainsi au procureur en chef du TPIY, Serge Brammertz, d'examiner si la Serbie coopère pleinement à ses enquêtes. "Notre volonté politique est très forte, nous allons continuer", a promis Vuk Jeremic. "Les choses vont être plus faciles, mais ne préjugeons de rien", lui a répondu son homologue français, Bernard Kouchner, en rappelant que Radovan Karadzic "n'était pas le seul ; d'autres courent encore"
En revanche de nouveaux signes de détente entre Belgrade et l'Union sont perceptibles
>>>Belgrade a décidé de renvoyer à leur poste les ambassadeurs que la Serbie avait rappelés de plusieurs capitales d'Etats membres de l'Union européenne en représailles après leur reconnaissance de l'indépendance du Kosovo, le 17 février. La normalisation des relations semble donc bien en cours.
Il s'agit là d'une nouvelle victoire du pragmatisme sur le nationalisme épidermique et guerrier hérité de l'ancien président Slobodan Milosevic qui, jusqu'à sa chute en octobre 2000, avait conduit à l'isolement du pays.
>>> La diplomatie serbe dit vouloir franchir une nouvelle étape avec l'entrée en vigueur de l'Accord de stabilisation et d'association (signé en avril). Et obtenir durant la présidence française, donc avant la fin de l'année, le statut de candidat officiel à l'UE.
>>>> Les autorités de Belgrade se disent prêts à débattre de la question du Kosovo sur un plan juridique et « travailllersur des points concrets pour reconstruire des ponts avec les Albanais du Kosovo. »
William PETITJEAN
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