Il y a 7 mois, Nicolas Sarkozy nous avait fait part de sa volonté de bâtir avec son gouvernement une politique de civilisation.
Si on ne peut que souscrire à ce nouveau paradigme présidentiel, on est, malgré tout, en droit de s’interroger, à la lumière de cette première année de législature, sur la mise en œuvre de cette politique et son adéquation avec les faits.
Ainsi, parler civilisation c’est de facto s’interroger sur la notion de temps, sans entrer dans un débat pour lequel je n’ai aucune compétence. Toutfois, les notions de temps long et temps court semblent être ignorés par notre Président.
On peut même s’accorder pour dire qu’il y a désormais un temps « sarkozy » qui repose sur une déformation d’une unité de mesure pourtant acceptée par tous. Cette déformation correspond indéniablement à une contraction temporelle forte.
Siècle, décennie, année, mois, semaine, jour… tout cela n’a plus cours dans cette remise en cause de la temporalité avec une autre constante plus pernicieuse: alors que le temps porte aussi le concept de mémoire, le temps sarkozy semble préférer celui de l’oubli.
Les exemples pour appuyer cette thèse ne manquent pas, le dernier en date remonte à une quinzaine de jours. Au lendemain du 14 Juillet et avant de se rendre en Irlande, Nicolas Sarkozy confie qu’il faudrait faire revoter les Irlandais or le lendemain, en déplacement dans ce pays, cette déclaration n’est plus d’actualité.
Au fond, en relisant Joêl de Rosnay, je suis convaincu que le temps de Nicolas Sarkozy n’est qu’un temps court ou plus exactement un temps médiatique. La définition que nous en donne de Rosnay résume assez bien cette réalité sarkozienne puiqu’il «s'agit d'une succession d'instants dont chacun est un flash procurant du plaisir. C'est le temps médiatique du zapping, du replay, du surfing qui plait tellement aux plus jeunes. »
Ce retour sur cette notion de temps, me paraissait un préalable avant de revenir sur la thèse que je veux défendre, et l'imposture qui la sous-tend : Nicolas Sarkozy est een réalité responsable du glissement actuel d’une politique civilisationnelle vers une politique obsessionnelle. On ne peut venir impunément sur ce terrain sans au préalable s’interroger sur la durée, sur nos héritages, sur la mémoire collective, en somme tout ce qui semble étranger à la culture de Nicolas Sarkozy. Et ce d’autant plus, que c’est bien lui-même qui se place dans cette spirale temporelle de surmédiatisation amnésique.
Et à ce stade, la contradiction est déjà grande entre la volonté présidentielle émise en janvier… une éternité… et la réalité de son rapport au temps et à l’action. Et à ce premier écueil, s'ajoute un deuxième, tout aussi tragique.
On ne peut en effet, emprunter cette voie d’une politique de civilisation sans faire référence à son auteur Edgar Morin pour tenter de comprendre l’ampleur que revêt cette expression puisqu’en résumant grossièrement, « Une politique de civilisation viserait à régénérer les cités, à réanimer les solidarités, à susciter ou ressusciter des convivialités, à régénérer l'éducation ».
(Fin de la première partie)
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