Des Associations sont en conclave à Yaoundé pour unir leurs forces autour de la problématique de la supériorité de l’homme sur la femme.
«…L’une des causes profondes des conflits est associée à la masculinité et au patriarcat qui sont courants dans nos communautés et à l’origine des violences qui malheureusement se font au détriment des conditions de vie et du bien-être des hommes et des femmes». La section camerounaise de la Ligue internationale des femmes pour la paix (Wilpf) en est arrivée à ce constat au terme d’une étude menée entre juillet 2019 et mars 2020. En fait, et de façon plus claire, Sylvie Ndongmo, la présidente de Wilpf Cameroun, justifie situe l’origine des conflits en cours au Cameroun par « la prédominance sans cesse croissante du pouvoir masculin, une attitude qui au fil des temps a établi la force, la violence, y compris la violence armée, comme moyen d’expression des hommes».
Expliquant ainsi le concept de « masculinité ». Il s’agit d’«un ensemble d’attitudes, de comportements, de stéréotypes associés à la force, qui trouvent normal que l’homme fasse usage de la force dans les conflits sociaux, que la force devienne la raison d’être», précise-t-elle. D’autres études antérieures de Wilpf Cameroun en 2017 sur l’évaluation du niveau de connaissance de la Résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations unies et de l’impact des conflits armés sur les femmes et les filles au Cameroun, laissaient déjà voir que « les femmes et les hommes sont tous détenteurs du pouvoir, les hommes utilisent le leur pour promouvoir la violence et les injustices tandis que les femmes l’utilisent pour la promotion de la paix et la résolution des conflits». Sans toutefois dédouaner la femme qui elle-même participe souvent à construire ces stéréotypes.
L’étude de Wilpf est réalisée dans le cadre d’un projet sur « L’analyse de la dimension genre dans les conflits au Cameroun ». Et l’atelier qui s’est ouvert à Yaoundé hier procède d’un même engagement d’organisations de la société civile regroupées autour de Wilpf Cameroun, pour renforcer les capacités de ces Ong partenaires dudit projet. Sous le thème : «Engager les hommes et les garçons pour la construction de la paix au Cameroun ». pendant deux jours, les organisations issues des régions les plus touchées par des crises sociopolitiques armées, seront outillés sur les stratégies de mise en œuvre et avancées du projet, la notion de genre et les violences basées sur le genre, les causes, manifestations et conséquences de la masculinité, les bonnes pratiques pour la construction de la paix au Cameroun. Par des formateurs pétris d’expérience dans les domaines du genre et des questions de paix.
Les organisateurs ayant constaté que « malgré diverses actions en vue de ramener la paix, les efforts des femmes camerounaises et acteurs divers, qui n’ont cessé de faire des propositions en vue d’une résolution pacifique des crises, n’apportent pas un changement tandis que parallèlement on note une croissance de la masculinisation de la force et de la violence ». Et pourtant, «les garçons et hommes ont un rôle à jouer dans la promotion et la construction de la paix », souligne Sylvie Ndongmo.
Wilpf, plus ancienne organisation des femmes œuvrant pour la paix dans le monde, espère comme résultat au terme de ce projet, « que les hommes et les femmes mettent ensemble leur pouvoir au service d’une paix durable, bénéfique à tous».