La crise sanitaire et ses conséquences - confinements successifs, explosion du télétravail - ont boosté le recours aux technologies digitales pour travailler mais aussi, se former. Un exemple ? La classe virtuelle, qui réunit à distance un groupe d'apprenants autour d'un formateur et favorise l'interactivité. Ce format, particulièrement adapté au partage d'expérience et à la réflexion en commun, va perdurer dans le 100 % distanciel mais aussi se développer dans le cadre du Blended Learning pour rythmer les parcours et entretenir l'engagement des apprenants. Des classes virtuelles " de suivi " vont donc contribuer à l'innovation en formation.
Une autre modalité sort revigorée de ces mois contraints : le Social Learning - apprendre ensemble et apprendre des autres. Initié en interne dans certaines entreprises pour permettre la continuité des apprentissages, il fédère une communauté d'apprenants autour d'une thématique. Le formateur se mue alors en Learning Community Manager avec, comme objectif, de créer et d'animer cette communauté en ligne. Et ce, en répondant aux questions, en effectuant des feedbacks et en apportant des ressources complémentaires.
En parallèle du 100 % distanciel voué à se maintenir à un haut niveau d'usage, le Blended Learning sera probablement l'une des modalités privilégiées avec le retour sur site des collaborateurs (au moins quelques jours par semaine). Sachant qu'il avait déjà connu une montée en puissance significative avant la crise sanitaire ! Sa proposition d'un parcours autour de la pépite du présentiel - qui favorise les mises en pratique ainsi que le face-à-face pédagogique - devrait redevenir une valeur de référence. Une " solution " prometteuse, encore peu connue mais dont la souplesse devrait convaincre, va venir l'enrichir : le Dual Learning[1]. La formation se tient en présentiel et à distance de façon simultanée, avec diffusion en direct, par visioconférence, grâce à des caméras et des micros haute définition. Son intérêt est de laisser le choix à l'apprenant, tout en proposant une pédagogie adaptée et en mettant l'accent sur l'interactivité.
Toutefois, aussi intéressantes soient-elles, ces nouvelles modalités et configurations ne s'improvisent pas. Il est en effet essentiel que les formateurs soient accompagnés pour changer de posture et monter en compétences digitales ou distancielles, en vue d'animer des groupes dans ce type d'environnements, potentiellement hybrides. À ce titre, l'une des tendances de l'innovation en formation concerne donc les formateurs eux-mêmes !
Le temps long est indispensable pour développer certaines compétences. Mais nous pouvons tout de même apprendre et acquérir de nouvelles connaissances ou pratiques en moins de deux heures. L'innovation en formation se traduit donc également en matière de formats, avec la volonté de les voir s'intégrer plus facilement à des agendas bien remplis. Citons :
- Les formats de type Learn & Lunch - des micro-formations interactives d'1h30, organisées pendant la pause-déjeuner ;
- Les Cafétéria Learning[2] - une série d'ateliers d'une quinzaine de minutes, réalisés en autonomie par les participants dans une logique d'entraînement en commun.
Une autre tendance vise à déployer des programmes de formation au plus près de la réalité opérationnelle de l'apprenant. L' apprentissage par projet (ou Project Based Learning) permet d'accompagner l'acquisition de savoir-faire, par la réalisation de projets concrets. Le formateur part d'une problématique réelle pour concevoir et dérouler son intervention. Tout en s'appuyant sur des ressources en ligne. Un format assez proche est celui du Défi Terrain : une mise en action, collective ou individuelle, suivie d'une session de retour d'expérience et de réflexion. Ce type d'action de formation, proche de l' AFEST (Action de Formation en Situation de Travail), fait le lien entre des savoirs empiriques et des pratiques professionnelles, ou encourage les apprenants à expérimenter eux-mêmes. En ce sens, l'innovation en formation a une visée très pratico-pratique.
L'audiovisuel et le social média représentent désormais une source importante d'innovation pédagogique. C'est notamment le cas :
- Des réseaux sociaux - avec Twitter et ses hashtags qui encouragent à discuter et à débattre, LinkedIn qui permet d'échanger sur ses domaines d'expertise, ou Youtube et ses micro-vidéos de formation ;
- Des vidéos - qui peuvent être pédagogiques, pour expliquer une notion ou illustrer un concept, ou intégrer du storytelling au parcours de formation, le format interview permettant de partager une expertise ou un retour d'expérience ;
Le Video Learning a notamment pour intérêt de renforcer l'engagement et la mémorisation.
- Du podcast : ce format éditorial très tendance prouve son utilité en formation, notamment pour décrypter un phénomène et inviter des experts à témoigner. Parmi ses plus-values : son extrême mobilité et son accessibilité - n'importe où et n'importe quand - et l'atmosphère intimiste qu'il crée, favorisant la concentration dans une " bulle ".
En 2021, l'acronyme ATAWADAC n'a plus rien d'une projection !
L'analyse des données d'apprentissage, un Graal pour les formateurs, est aujourd'hui possible grâce au Big Data. Celui-ci permet de récolter des données pour créer des rapports, d'en extraire des tendances. Cela met ainsi en évidence d'éventuelles problématiques à résoudre pour améliorer la conception ou la mise en œuvre du programme de formation. Grâce à cette démarche analytique, l'approche pédagogique peut être affinée ou les plateformes d'apprentissage, perfectionnées.
Des perspectives complémentaires sont ouvertes par l'intelligence artificielle, en particulier pour favoriser un mode d'apprentissage plus individualisé - aussi bien en termes de rythme que de contenus ou encore de modalités pédagogiques. Son principe ? Utiliser les données et l'analytique pour adapter et améliorer, en continu, le parcours de formation en fonction de l'apprenant. On parle ici d' Adaptive Learning : maîtrisé au niveau macro, il reste néanmoins " en développement " au niveau micro - l'adaptation du contenu des grains pédagogiques en fonction des expériences de l'apprenant avec les grains précédents[3] restant complexe à mettre en œuvre.
L'essentiel à retenir :
- En formation, le digital n'est plus un nice to have mais un must have !
- Micro-formats et apprentissage par projets sont deux tendances en plein essor.
- Réseaux sociaux, vidéos et podcasts quittent la sphère privée pour s'inviter dans la pédagogie et l'apprenance.
- L'IA et l'analyse de données offrent de nouvelles perspectives pour améliorer les programmes et individualiser les parcours.
[1] Les organismes de formation du groupe Lefebvre Dalloz, dont CSP DOCENDI fait partie, proposent déjà cette nouvelle modalité. Elegia fait figure de " pionnier " en la matière.
[2] Les Cafétéria Learning ont été importés des Etats-Unis par Yann Coirault, référent pédagogique, consultant, formateur et praticien MBTI chez CSP DOCENDI. On lui doit également les ouvrages Auto coaching efficace (Editions de l'Homme, 2011), Les 5 clés pour prendre les bonnes décisions et Les 5 clés pour être créatif au quotidien (Dunod, 2015 et 2016).
[3] Woonoz en propose un exemple opérationnel avec son Ancrage Mémoriel®.