83 régiments, 11 bases aériennes et une base aéronavale seront dissouts d'ici 2014. Durant 6 ans, les armées vont devoir structurer leurs efforts dans l'application de ce nouveau changement organisationnel et le maintien de leur mission de soutien dans les différents théâtres opérationnelles. 54000 personnels militaires et civils vont être privés d'emploi. Des mesures incitatives au départ vont être mises en place courant du deuxième semestre 2008.
Ce plan social sans équivoque au niveau national ne semble pas choquer la population. Ce qui dérange ce sont les pertes économiques des commerçants dont la perte d'un régiment conduit à une moindre rentrée d'argent. Pourtant, de ces nombreux régiments et structures qui vont devoir soit être délocalisés soit être tout simplement fermés, des milliers de personnels actifs (militaires et civils) vont perdre leur emploi.
Les médias sensibilisent la population lorsqu'une entreprise française tel que Renault décide de fermer une firme peu rentable. On parle alors de ces hommes et de ces femmes qui vont être licenciés. Les citoyens trouvent cela inadmissible. Mais lorsqu'on parle des militaires, et des personnels civils de la défense, alors cela devient "normal". "Ils gaspillent des fournitures et du carburant", entend-on dans les différents débats. etc.
Lorsqu'une entreprise est obligée d'opter pour un plan social l'obligeant à se séparer de structure et de personnels, ce n'est jamais une décision facile pour les dirigeants. Mais il faut se rendre aussi à l'évidence, parfois il vaut mieux sacrifier quelques hommes pour sauver les autres. C'est tout de même la dure loi de notre économie.
L'armée applique les mêmes règles que toute entreprise qui doit faire face à des conditions économiques plus difficiles et un enjeu géostratégique en constante évolution. Fort de ces deux axes, le chef de l'État, en tant que chef des Armées, ce doit de gérer cette entreprise de manière à ce quelle reste opérationnelle mais moins couteuse.
La nouvelle carte militaire tient donc compte d'une part du changement de la menace. Les implantations actuelles s'appuyaient sur une menace russe. Cette menace a changé et se trouve située vers le moyen-orient. Lorsqu'on déplace des troupes de l'Est de la France vers Toulon pour être déployées sur ces nouveaux théâtres, les couts de déplacement sont plus élevés, que si ces mêmes troupes sont situées à proximité du site d'embarquement.
D'autre part, la diversité des régiments et leur implantation géographique, imposé un soutien logistique élargit. La situation économique et le faible budget dont dispose l'armée, ne permet plus une telle gestion. Il était donc nécessaire de revoir la disposition fonctionnelle des régiments. Certains sites vont changer simplement armes. Des régiments de soutien vont devenir des régiments opérationnels. D'autres vont être supprimés car trop éloignés des structures opérationnelles pour être regroupés sur des sites plus importants. Et c'est ainsi que se dessine la nouvelle carte militaire.
Comme toute firme multimodale, l'armée se doit aujourd'hui de s'adapter aux nouveaux enjeux stratégiques de défense nationale et aux nouvelles contraintes économiques. Il ne faut pas oublier que le matériel (véhicules blindés, chars, hélicoptères, etc.) arrive en fin de vie. Que le cout du remplacement de ce matériel nécessiterait le budget annuel complet.
Le plan social militaire s'étendra sur 6 ans. Des milliers d'hommes et de femmes vont se retrouver sans emploi. La mobilité sera l'élément phare de ce remaniement. Ce qui est statutaire pour les militaires et ne pose donc aucun problème, devient difficile à gérer pour le personnel civil souvent réticent à quitter sa garnison.
L'armée est à nouveau confronté à un nouveau changement important avec une contrainte particulière qui consiste à continuer à former des citoyens à la défense nationale. Il n'est donc pas aussi paradoxale qu'on puisse le penser de voir l'armée mener des campagnes de recrutement, et continuer à recruter.