Gabrielle Stangl, présidente des Verts à Berlin, présente une boîte à bébé. Entre 2000 et 2007, en Allemagne, 143 enfants auraient été déposés dans l'un des 80 dispositifs similaires. : Lorraine Rossignol
Pour lutter contre l'infanticide et les abandons sauvages, plusieurs pays, comme l'Allemagne, mettent en place des couffins où déposer un enfant dans l'anonymat.
Berlin. De notre correspondante
C'est une boîte métallique encastrée dans un mur qui s'ouvre des deux côtés. Côté rue, pour qu'une mère y dépose le nourrisson qu'elle ne veut pas garder. Côté hôpital, pour que les nurses du service de maternité le récupèrent aussitôt. La mère a jusqu'à huit mois pour changer d'avis, sinon l'enfant sera confié à l'adoption.
Ainsi fonctionnent les 80 Babyklappen allemandes, calquées sur un système d'abandon d'enfant qui remonte au Moyen Âge. Selon un rapport du Conseil de l'Europe, publié au mois de mars, cette pratique d'abandon revient aussi en Suisse, en Autriche, en Hongrie, en Belgique, en Italie, et même au Japon.
À l'hôpital public Waldfriede de Berlin, la boîte est chauffée, pourvue d'une minicaméra, ainsi que d'une alarme qui se déclenche quand un enfant est déposé. Elle a déjà retenti trois fois le mois dernier. « On ne s'habitue pas à cette sonnerie », confie la pasteure Gabriele Stangl, à l'origine du retour des Babyklappen, en 2000.
Réponse de dernier recours
La boîte à bébé : régression ou progrès ? Ni l'une ni l'autre, répond Gabriele Stangl. « Un enfant que sa mère vient d'abandonner est toujours une triste nouvelle. Mais il s'agit aussi sans doute d'une vie sauvée. » Pour Irma Franke-Dressler, présidente du parti des Verts à Berlin, ce système est « nécessaire, sans être une solution idéale. C'est une réponse de dernier recours à une situation bien pire : pour un infanticide révélé, trois ou quatre ne sont pas connus. »
Pour la première fois, au printemps 2007, son parti a lancé une campagne en faveur des Babyklappen, avec pour slogan : « Avant que les bébés ne soient jetés à la poubelle... ». Le but était de faire connaître cette solution à un public sensible : migrantes en situation illégale, prostituées, jeunes femmes dont la culture interdit un enfant hors mariage.
Pour Gabriele Stangl, comme pour Irma Franke-Dressler, la vraie réponse aux abandons d'enfants reste l'accouchement sous X, interdit en Allemagne, mais légal en France. « Au moins, ça se fait en milieu médicalisé », souligne la présidente des Verts à Berlin. « Et il y a toujours la possibilité de s'entretenir avec la mère, de la convaincre de garder son enfant. Ou, au moins, de lui laisser une lettre, avec son nom dedans, pour qu'il puisse un jour la retrouver ».
Lorraine ROSSIGNOL.
Souvenez vous ma devinette du schmilblick... Les allemands n'ont rien inventé !!!!