La Paresse Forcée N'est Ni l'Une Ni l'Autre

Publié le 16 juin 2021 par Hunterjones

Je me lève à 5h du matin toute la semaine. Il est 5h00, Jonesy s'éveille. Si vous voyiez ce que je vois. Je travaille de 6h00 à 15h00 sans pause réelle. Je mange à mon bureau, et, coincé entre un nouveau, une nouvelle et Alain Certain, l'homme incapable de confiance en lui, je me retrouve à porte plusieurs chapeaux au travail, dont celui de l'inspirant grand frère plein de confiance. Inspirant? enfin, je sais pas trop...
Beuh...Ça m'épuise. Je n'arrive plus à travailler en écoutant ma musique. Ça du bon, mais vers 15h30, sur le chemin du retour, dans la barbarie du trafic du retour, je lutte férocement contre le sommeil. Quand j'arrive chez moi, l'amoureuse me conjugue le verbe "falloir" et tout le temps, j'obtempère. Ramasse le canard flottant qui part toujours au vent ("Il ne part pas au vent, chériiiiii! il se fait dorer le nombril!") arrose le gazon (musique en rattrapage dans les oreilles), négocie favorablement en faveur de mon fils quand il négocie avec sa mère, mon amoureuse, pour importer ses amis chez nous pendant le week-end, traduit ma part de traduction, écoute un film si je peux, résiste peu aux matchs tardifs des Canadiens ou des deux autres équipes qui restent, vous écrit un peu, me réveille après avoir trop peu dormi (probablement) et refait le manège jour après jour. Quand l'amoureuse me dit que je suis paresseux, parce que je ne veux pas courir une commission pour son père, qui habite, Québec et a trouvé quelque chose chez Ikea qu'il n'y a pas dans le sien du 418. J'ai un rictus. 
Ça ne peut que me faire sourire, je ne me vois pas paresser. 

La paresse, je l'ai vue ailleurs cette semaine.

Je la lis, intellectuelle, sur le web, sur les réseaux sociaux. Les Covidiots sont fascinants. Obsédés et obsédants. 


J'ai été déçu par la mairesse de Montréal, Valérie Plante. Ne vous méprenez pas, je l'aime beaucoup et la souhaite encore mairesse 4 autres années. Mais quand je l'ai vue dire que Montréal était un territoire non cédé aux Mohawks, mensonge tant de fois répété qu'il commence à devenir vérité, j'ai grincé des dents. Je l'ai trouvée aussi paresseuse mentale que les Covidiots. Ce n'est pas vrai. Les profs d'histoire le répètent années après années, (même feu Serge Bouchard), mais qui écoute vraiment les historiens? Wikipedia réécrit tellement mieux!  Stadaconé et Hochelaga n'étaient pas des villages Mohawks. Les Iroquois ET les Mohawks sont issus des États-Unis. Et sont aussi conquérants que les Anglais de la Reine. Enfin, c'est décevant d'entendre une élue reprendre ce type d'ignorance populaire. J'ai trouvé un peu paresseux l'allusion au "territoire non cédé aux Mohawks". Et je n'étais pas le seul à m'en plaindre. 
Autre paresse, plus grave, celle-là, est la paresse de nos systèmes judiciaires. Il y a ce bouleversant documentaire Québécois de Monic Néron et Émilie Perreault, qui traite de l'infâme non protection de notre système de justice envers les victimes d'agressions sexuelles. Film qui promet non seulement de faire réagir, mais aussi qui promet déjà de faire rugir. C'est tout simplement révoltant de penser que les victimes d'agression physiques et sexuelles, ne seront jamais davantage protégées par nos lois. On a beau se penser évolué, l'inertie dans nos salles de cour est désespérante. Les changements dans les manières d'appliquer, de débattre les lois, ça bouge comme bougerait un paquebot dans une écluse.
Ce n'est pas pour rien qu'Eric Salvail et Gilbert Rozon s'en tirent si bien. Le système est de leur bord. 

La paresse n'est jamais forcée. Elle est naturelle comme le sang qui coule dans les veines. Et peut être extraordinairement malsaine. 

Oh! Vous trouvez que j'exagère? Penchez vous sur ce cas de fraudeuse professionnelle qui manipule la cour depuis 18 mois, jouant la fille "malade". Elle ne fait que profiter des failles de notre système. Qu'on est trop paresseux de colmater.


Un paquebot tabarnak dans une écluse. 

J'ai été faire la commission pour le père de mon amoureuse chez Ikea. C'est la moindre des choses que je peux faire pour lui (et pour elle), il bosse sur ma maison 1000 fois plus que je ne le fais moi-même. 

Mais je ne suis pas prêt à dire comme Urbain Desbois que ma maison travaille plus que moi. 

La paresse n'est jamais forcée, elle se décide peu. 

Elle est parfois viciée, parfois rêvée, souvent, innée.