Magazine Journal intime
À certains moments, la piste, comme ça arrive souvent depuis Toulouse, disparaît presque complètement, pour ne laisser qu'une bande de terre de dix centimètres, défrichée par le passage des VTT. Pour un vélo de randonnée, c'est carrément dangereux. Ajouter une remorque à deux roues parallèles et ça devient pratiquement impassable. Les autorités touristiques sont bien heureuses de vanter cette « piste cyclable », mais elle n'en est pas une. Tout y est laissé à l'abandon. Les rares efforts d'aménagement consistent en obstacles rébarbatifs mis en travers de la route près des écluses et destinés à empêcher les motos et les voitures d'emprunter la voie. Un certain aménagement a été consenti à hauteur des principaux ancrages fluviaux, pour que les plaisanciers puissent garer leurs voitures près de leurs bateaux de location. Quant aux cyclistes, ils sont censés composer sans indications, sanitaires, eau, ravitaillement et — pour de longs kilomètres — sans piste, carrément. C'est d'une complaisance infinie. Lorsque le ras-le-bol me prend, je secoue Rosie et nous giclons par les routes où nous pouvons enfin rouler. Petits raids à 20 km/h, en plein soleil, à affronter les chauffards impatients et cokés.
Le Canal du Midi est la plus jolie non-piste cyclable au monde.© Éric McComber