Dans une note du ministre de la Décentralisation et du Développement local, Georges Elanga Obam donne huit jours aux maires pour produire les rapports de gestion des fonds accordés à la lutte contre la pandémie à coronavirus.
Dans une note signée du 10 juin 2021, le ministre de la Décentralisation et du Développement local (Minddevel), Georges Obam Elanga, somme les magistrats municipaux. Il demande à ceux-ci de produire les rapports de gestion des comptes d´emplois des fonds accordés dans la lutte contre la Covid-19. Tout en rappelant que ces fonds étaient accompagnés d´un cahier des charges, les maires ont jusqu´à huit jours pour le faire.
Le membre du gouvernement précise que le défaut de transmission des rapports, sera considéré comme une carence, laquelle sera portée à l’attention des instances judiciaires compétentes. Dans sa note, Georges Elanga Obam indique que ces fonds étaient destinés notamment à l’hygiène et assainissement des espaces ouverts au public. Il est question pour les élus municipaux de lui présenter les actions réalisées et leurs bénéficiaires à travers les délégués départementaux du Minddevel. Lesdits rapports doivent être adressés à la Chambre des Comptes de la Cour suprême.
Faut-il le préciser, si le ministre reconnaît que certains maires se sont acquittés de cette tâche, d’autres par contre n’ont pas encore remis leurs rapports. D´où sa sortie, invitant les retardataires à le faire dans les plus brefs délais. Une démarche ministérielle qui intervient au moment où les départements ministériels font l´objet d´auditions par la Cour des Comptes, concernant les sommes allouées dans la lutte contre la pandémie Covid-19. Depuis quelques semaines, avec le rapport partiel de la Chambre des Comptes de la Cour Suprême sur la gestion des fonds Covid-19 dans certains ministères, des responsables sont soupçonnés de détournements.
Entre le 29 mars et le 8 avril 2021, le Secrétaire général de la présidence de la République du Cameroun, Ferdinand Ngoh Ngoh, a envoyé une série de lettres au nom du président Biya, contenant des directives relatives aux fonds reçus pour lutter contre le Covid-19. Une autre correspondance en date du 29 mars 2021, demandait au Contrôle supérieur de l’État du Cameroun (Consupe), l’institution chargée de contrôler la gestion des fonds publics, d’accélérer son audit des dépenses liées à la lutte contre le Covid-19, afin de « faciliter la conclusion avec le Fmi d’un nouveau programme économique et financier ».
Selon un document d ́une vingtaine de pages daté de mars 2021 qui a fuité sur les réseaux sociaux le 19 mai, la Chambre des Comptes y dresse le bilan de l’utilisation du fonds spécial de solidarité nationale créé en 2020 par Paul Biya, pour la lutte contre le coronavirus et ses répercussions économiques et sociales » au Cameroun. Dotés de 180 milliards de Fcfa, ils ont été répartis entre 22 ministères, la Direction générale à la sûreté nationale, la Cour suprême et la dette intérieure publique. Ce fonds devait servir, entre autres, à l’achat d’équipements de protection, de tests, d’ambulances, de médicaments, et à la prise en charge de la quarantaine des voyageurs.
Ces budgets proviendraient des deux prêts consentis par le Fonds monétaire international, leur utilisation qui est aujourd’hui mise en cause. Depuis le début de la pandémie, le Fmi a approuvé deux prêts d’urgence au Cameroun pour un montant total de 382 millions de dollars US, environ 208 milliards de francs CFA. Le gouvernement a promis au Fmi d’utiliser les fonds de manière transparente. Notamment en publiant des rapports semestriels sur les dépenses liées à la lutte contre le Covid-19, en commandant un audit indépendant et en publiant les noms des entreprises ayant obtenu des contrats d’approvisionnement et leurs propriétaires réels ou effectifs.