Note de conjoncture du mois de Juillet

Publié le 26 juillet 2008 par Eric Grémont

27/07/2008

Note de conjoncture du mois de Juillet

La crise du crédit entre dans une nouvelle phase, le crédit conso est en train d'être attaqué à son tour.



La grande nouvelle de la deuxième quinzaine de Juillet est sans contestation possible la décision de Chrysler de geler ses opérations de leasing pour le moment.

Cette décision est fondée sur des considérations qui sont de deux ordres.
La première tient à la dégradation du taux de retour en fin de contrat des véhicules et des difficultés concomitantes que rencontre la société à les revendre à un prix compatible avec la valeur résiduelle inscrite dans les comptes de sa filiales financière.
L'autre raison de la cessation du leasing se trouve dans le renchérissement du coût du crédit rencontré par la société dans un contexte où les investisseurs sont particulièrement attentifs à ses perspectives financières générales qui sont particulièrement difficiles à cerner du fait de sa dépendance quasi-complète au marché américain.

On se doit de remarquer qu'en bas de cycle classique une pratique répétée des constructeurs automobiles était au contraire de pousser le leasing en profitant de l'assouplissement du crédit quitte à avoir à financer des pertes à la revente lorsque le marché était redevenu plus accueillant pour les produits de la société. Sans aller jusqu'à citer des exemples nous signalerons juste qu'il n'est nullement nécessaire de franchir l'atlantique pour constater de telles pratiques.

C'est la raison pour laquelle nous avons tendance à penser que la première raison invoquée n'est pas forcément décisive. En effet la réduction des ventes qui va suivre risque de décourager de nombreux détaillants et risque de contracter encore le marché de Chrysler en réduisant son exposition au marché. Au surplus la réduction supplémentaire des volumes vendus fait descendre mécaniquement les économies d'échelles dégagées par le groupe alors même qu'il est clairement en position de faiblesse sur son marché phare.
La seconde raison semble clairement plus convaincante, Chrysler a probablement constaté que le marché du crédit était devenu tellement exigeant que la société n'était plus en mesure de proposer un prix qui reste compétitif en y intégrant le nouveau prix du crédit.

Curieusement la décision de Chrysler vient à peine quelque jours après la décision de l'Etat américain de garantir Fannie et Freddie. Il nous est difficile de ne pas faire un lien entre les deux évènements. A notre sens le rétrécissement du marché à risque non garanti qui doit suivre a de bonnes chances à s'avérer catastrophique et de pousser d'autre consommateurs d'épargne à renoncer à y recourir.

Autrement dit du point de vue de la conjoncture il nous semble parfaitement clair que la crise du crédit vient de franchir un nouveau seuil dont le caractère catastrophique ne sera probablement pris en compte par le marché que lorsque les JO seront finis et que l'été sera sur le point de s'achever.

Dans quelques mois, il ne restera peut être plus d'autres solutions à l'Etat Fédéral que de procéder à la création d'une sorte d'Auto-Mac qui viendra stabiliser le marché auto.

Auteurs: Eric Grémont

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