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Cameroun – CoviGate : Sur les traces des milliards de Mohamadou Dabo

Publié le 13 juin 2021 par Tonton @supprimez

Au moment où les langues se délient sur la gestion des fonds Covid-19, les masques continuent de tomber comme c’est le cas avec Mohamadou Dabo, promoteur de la société Medeline Medical S.A., adjudicataire de l’essentiel des marchés de livraison des tests de dépistage du Covid-19 au Cameroun.

On le sait davantage aujourd’hui. L’homme d’affaires Mohamadou Dabo apparait aujourd’hui comme l’unité centrale, l’épicentre de toutes les opérations ayant trait à l’achat des tests de diagnostic rapide du Covid-19. D’ailleurs, des traces des milliards issus de ces opérations ont atterri dans ses comptes à Hong Kong. En effet, Mediline Medical Cameroon (Mmc) étant la société qui a raflé la quasi-totalité des marchés de livraison des tests de dépistage du Covid-19 au Cameroun, a viré, en octobre 2020, depuis son compte à Afriland First Bank, près de 5 milliards de Fcfa dans le compte de Moda Holding à Hong Kong, une autre société qui est également la propriété de l’homme d’affaires Mohamadou Dabo. Dans ses investigations, la Chambre des comptes de la Cour suprême a pu établir que l’homme d’affaires, par ailleurs consul honoraire de la Corée du Sud à Douala, est, en plus, à travers Moda Holding, actionnaire de Mmc, présenté comme « le fruit d’un partenariat entre le Cameroun et la Corée.

Dans la foulée, indiquent des sources, entre janvier et février 2021, Mediline Medical Cameroon a tenté de transférer à nouveau, à trois reprises, la même somme à Moda Holding. Mais la transaction n’a pas prospéré du fait de l’avis défavorable de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac), malgré l’intervention du ministre de la Santé publique qui, dans une lettre datée du 10 mars 2021, sollicite de la banque centrale des Etats de l’Afrique centrale (Beac) une « facilitation du transfert de fonds en rapport avec le financement d’un marché de livraison des tests de diagnostic rapide ». La réponse du directeur de la Beac va donc faire échouer toutes ces tentatives. « J’ai l’honneur de rappeler à votre attention, qu’en date du 8 octobre 2020, la Banque centrale a donné son accord pour la mise à disposition de 8,6 millions de dollars à Afriland First Bank, banque ordonnatrice de Mediline Medical S.A., afin de procéder au règlement de tests de diagnostic rapide achetés auprès de Moda Holding, société basée à Hong Kong », écrit Blaise Eugène Nsom qui poursuit : « En date du 05 janvier 2021, après réception d’une demande de transfert ordonnée par Mediline Medical S.A., Afriland First Bank a une fois encore sollicité de la Banque centrale la mise à disposition des devises (8,9 millions de dollars) afin de régler une nouvelle commande à Moda Holding.»

CHANGES

Seulement, indique le directeur national de la Beac, l’analyse des documents transmis par Afriland First Bank, relève que Moda Holding ne fait pas partie de la liste des fabricants auprès desquels le ministère de la Santé publique autorise la commande des tests de diagnostic rapide. Le pot aux roses venait-il d’être découvert ? On le subodore puisque que la Banque centrale va émettre un avis provisoire défavorable en attendant que Medeline Medical S.A. fournisse les explications nécessaires et qu’Afriland transmette les documents attestant règlement et de l’entrée sur le territoire camerounais des tests de diagnostic rapide, suite à l’accord du 8 octobre 2020. Au cours du mois de février, la Banque centrale reçoit 2 nouvelles demandes de mise à disposition de devises. Là encore des incohérences relevées sur les documents attestant de l’entrée des tests de diagnostic rapide.

C’est alors qu’on découvre sur la lettre de transport que les tests expédiés de Séoul en Corée du Sud étaient plutôt fabriqués par la société SD Biosencor. Ce qui appelle à s’interroger sur le rôle de Moda Holding dans cette transaction. La banque centrale va ainsi inviter Mediline Medical S.A. à réintroduire sa demande auprès d’une banque en transmettant la documentation prévue par le réglementation des changes et en respectant les conditions ci-après : « Etablissement par SD Biosencor, fabricant autorisé par le ministère de la Santé publique pour la fourniture des tests de diagnostic rapide, des factures à régler par Médiline Medical ; transmission par Mediline Medical S.A. d’un ordre de transfert en faveur de SD Biosencor ; mise à disposition du Rccm de SD Biosencor ainsi que la liste de ses gérants et la fiche Kyc établie par la banque de cette société. » En outre, la Banque centrale enjoint Mediline Medical S.A. à s’expliquer sur les écarts observés entre les quantités de tests et de colis déclarés à la direction des Douanes, 75 colis, alors que les quantités indiquées sur la lettre de transport aérien sont de 280 colis concernant les tests de diagnostic rapide livrés suite à la mise à disposition des devises par la banque centrale pour le règlement à la société Moda Holding. Comme on peut le constater la banque centrale ne se retrouvait pas dans cette transaction à forte odeur mafieuse.


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