"Un Irakien à Paris" de Samuel Shimon

Publié le 28 juillet 2008 par Anom Yme

"Un Irakien à Paris" de Samuel Shimon

Actes Sud

368 pages

23 €

2008

Chaotique, drôle et émouvant, à la fois poignant et cinglant, le premier roman de l’assyrien Samuel Shimon nous livre, page après page, le récit d’un grand voyage, de Bagdad à Paris, ainsi que les espoirs et les rêves d’un gamin amoureux de cinéma hollywoodien.

Parti tôt un matin de son petit village d’Al-Habbaniyeh en Irak, le jeune Samuel n’a qu’une idée en tête, rejoindre la capitale pour ensuite y prendre un bus, le premier d’une longue série qui devra le mener jusqu’à Hollywood, ville de tous ses fantasmes, lieu du rêve et des paillettes, terre sacrée du cinéma. Durant son périple, le jeune homme, tour à tour considéré comme espion ou traître à ses origines, prend conscience de la complexité du monde qui l’entoure, de sa haine, de sa souffrance et de la peur de l’autre. Au fil des rencontres et des partages, dans ce Moyen-Orient en guerre, Samuel avale les kilomètres, toujours aussi passionné et déterminé. Encore quelques pas et le voici finalement à Paris où, devenu réfugié politique, il côtoie avec un bonheur presque candide, garçons de café et prostituées. Vivant chaque instant comme une nouvelle scène de cinéma, c’est toujours avec ironie et autodérision que l’auteur-narrateur conte ses aventures, ne laissant que peu de place à l’apitoiement de son lecteur.

Présenté comme un roman autobiographique, «Un irakien à Paris » met en parallèle deux parties bien distinctes de la vie de l’auteur. Alors que la première conte les péripéties du voyage de Samuel jusqu’à son errance de « clochard heureux » dans les bas fonds de la capitale française, la seconde s’attache à retranscrire les souvenirs tendres de sa jeunesse à d'Al-Habbaniyeh. Malgré quelques points faibles dont une trame parfois chaotique et difficile à suivre, ainsi qu’un ton détaché qui peut parfois passer pour une légèreté trop exacerbée, le roman de Samuel Shimon sait rester simple et vrai et offre au lecteur un beau moment de partage et d’évasion.

   E.B