Quatrième de couverture :
Windsor, printemps 2016. La reine Elizabeth II s’apprête à célébrer ses 90 ans et attend avec impatience la visite du couple Obama. Mais au lendemain d’une soirée dansante au château, un pianiste russe est découvert pendu dans le placard de sa chambre, quasiment nu. Shocking!
Lorsque les enquêteurs commencent à soupçonner son personnel d’être impliqué dans cette sordide affaire, Sa Majesté, persuadée qu’ils font fausse route, décide de prendre les choses en main. Mais être reine a ses inconvénients, et notamment celui de ne pas passer inaperçue. C’est donc Rozie, sa secrétaire particulière adjointe, qui va l’aider à démêler ce sac de noeuds… Quand Miss Marple rencontre The Crown !
Quand Babelio m’a proposé de recevoir ce roman, je n’ai pas hésité une seconde ! J’adore regarder des documentaires sur la Queen, la famille royale britannique, je me suis longuement banchée sur la BBC quand le prince Philip est mort en avril dernier et je me régale ou me choque des aventures des Windsor comme des costumes so chic du prince Charles. Et en même temps je suis un peu ahurie du faste quotidien, de la mise en scène que constituent chacun des actes ou sorties de la Reine.
Aussi au cours de ma lecture, je me suis régalée de tous les détails de la vie quotidienne au château de Windsor, de la personnalité d’Elizabeth II, j’ai été ébahie devant le nombre de personnes qui travaillent – qui se dévouent corps et âme – pour que le moindre détail soit scrupuleusement mis en place, pour que la reine ne souffre aucun ennui, pour combler ses moindres désirs ou lui faire plaisir tout simplement. Comme une immense famille basée sur la confiance, qui gravite autour de la couronne britannique, avec une fidélité sans faille. Sauf en cas de pépin imprévu… Et en effet, ces beaux rouages vont se gripper quelque peu quand un pianiste russe venu animer un dine and sleep au château est retrouvé le lendemain pendu nu dans sa chambre. Aussitôt le MI5 et le MI6 (les services du renseignement intérieur et extérieur) se lancent dans une enquête qui doit être la plus discrète possible et ils vérifient très vite la possibilité d’un agent dormant russe parmi les fidèles serviteurs de la reine. Celle-ci, fine observatrice, pas d’accord avec cette théorie mais cantonnée à son strict devoir de réserve, est « obligée » de faire appel à sa secrétaire particulière adjointe pour enquêter à sa place et lui permettre de rencontrer mine de rien les bonnes personnes en toute discrétion. Tout cela se passe au milieu des préparatifs pour l’anniversaire des 90 ans de la Queen et la venue du couple Obama, l’organisation d’un concours d’équitation sans oublier de prendre régulièrement une cup of tea et une petite plaisanterie salutaire du prince Philip.
S.J. Bennett, à la fin du livre, remercie « Sa Majesté Elizabeth II, qui a toujours été une source d’inspiration pour moi, aussi bien sur le plan littéraire que dans la vie. » Il faut dire que c’est réussi : grâce à elle, on se croirait dans le douillet salon privé de la reine ou dans la Bentley qui la ramène de Windsor à Buckingham et on admire la finesse, la mémoire, les connaissances politiques de celle que certains collaborateurs trop sûrs d’eux prennent pour une inoffensive petite vieille. L’intrigue tient la route et mêle d’inquiétants citoyens russes à une piste chinoise tout à fait plausible et le personnage de Rozie est très intéressant. Le roman est forcément super documenté et évidemment plein d’humour… anglais ; bien sûr, c’est du cosy mystery, il ne faut pas être allergique à Elizabeth II pour le lire et si on dépasse ces préventions, on gagne de bons moments de lecture. Et l’envie de retrouver la patronne dans une prochaine enquête.
Un très grand merci à Babelio et aux éditions des Presses de la cité pour la découverte de ce livre !
« Compatissant, le prince consort baissa la voix.
– Il n’a pas réfléchi aux conséquences. La dernière chose que souhaite un homme, c’est bien d’être retrouvé dans un palais royal avec les bijoux de famille à l’air.
– Philip !
– Mais c’est vrai. Pas étonnant que tout le monde évite de parler de cette histoire. Enfin, c’est également pour épargner vos nerfs fragiles.
La reine lui lança un regard réprobateur.
– Les gens ont la mémoire courte. J’ai survécu à une guerre mondiale, à Sarah Ferguson et à votre service dans la marine.
— Et malgré ça, ils imaginent que vous avez besoin de respirer des sels à la moindre allusion un peu olé olé. Tout ce qu’ils voient, c’est une petite mamie avec un chapeau. »
« Depuis la flaque boueuse dans laquelle elle était en train de se rouler, la plus vieille des dorgis leva des yeux penauds sur sa maîtresse. Puis elle revint auprès du groupe et s’ébroua énergiquement, juste devant le pantalon de Humphreys. La reine dissimula son approbation avec beaucoup de sang-froid.
– Je suis sincèrement désolée.
– Ne vous en faites pas pour ça, Madame.
Il tenta d’essuyer les éclaboussures, mais ses mollets étaient trempés. »
« Rozie fut frappée par le naturel avec lequel la reine prit la théière pour le resservir. Elle était singulièrement débrouillarde pour quelqu’un qui avait des centaines de domestiques, et même une véritable armée à sa disposition. »
S.J. BENNETT, Sa Majesté mène l’enquête – Bal tragique à Windsor, traduit de l’anglais par Mickey Gaboriaud, Les Presses de la cité, 2021
Petit Bac 2021 – Adjectif