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Cameroun : L’argent des APEE au centre de toutes les convoitises dans la Région de l’Ouest

Publié le 11 juin 2021 par Tonton @supprimez

Estimées à 4,5 milliards de FCFA dans une étude réalisée en 2017 par Zenü Network, un réseau d’organisations de la société civile, les ressources mobilisées par les APEE et destinées à pallier les carences financières de l’Etat dans la formation et l’éducation de la jeunesse, sont devenues aujourd’hui une rente et un fonds de commerce pour de nombreux acteurs qui s’y servent à pleines mains.

En effet, depuis quelques années et au fur et à mesure que les APEE se sont imposés dans le paysage scolaire du secondaire comme des sortes de machines à sous qui brassent chaque année d’énormes flux financiers, certains individus ont fait des fonctions de Présidents et de Trésoriers des APEE leur profession. La limitation des mandats à deux ans renouvelable une fois n’y a rien changé. Ils écument les établissements scolaires à la recherche d’un nouveau poste dès qu’ils ont été contraints par la force des choses, à se retirer, à défaut de procéder à un jeu de chaises musicales comme Vladimir Poutine et Dimitri Medvedev en Russie. Par ailleurs, les responsables des APEE se plaignent du non remboursement par les chefs d’établissements des sommes empruntées pour préfinancer le fonctionnement des structures scolaires en début d’année scolaire, en attendant le virement par le Minesec des quottes parts résultant des frais exigibles. Au secours ! Les vautours sont de retour !

Comme des charognes qui attirent les vautours, l’argent des APEE a suscité la convoitise d’autres rapaces qui sont arrivés, imposant la loi du plus fort. Et parmi ces nouveaux arrivants dans la jungle scolaire, les autorités administratives dont certaines se sont érigés en « patrons » et PDG des APEE : « J’ai l’honneur de vous demander de bien vouloir convoquer l’Assemblée Générale du Lycée Classique de Bafoussam pour le vendredi 27 novembre 2020 à 10 heures en vue de la désignation des parents délégués qui vont à leur tour mettre sur pied un nouveau bureau exécutif à la suite du scandale financier enregistré par le bureau sortant. Pour la circonstance, j’exige (souligné par nous) la présence effective de tout le bureau sortant…, » écrit le Sous-préfet d’un des trois arrondissements de la Mifi. Cette tentative ayant fait long feu suite aux injonctions du Gouverneur qui lui a demandé de « surseoir à (son) initiative afin de permettre au bureau actuel d’arriver au terme de son mandat… », le même Sous-préfet a récidivé en avril 2021 en convoquant personnellement les assemblées générales des APEE de trois lycées qu’il a présidées, au mépris de la Circulaire N° 15/08/MINESEC/CAB du 19 août 2008 qui fait du représentant de l’autorité administrative aux assemblées générales des APEE un simple « observateur ».

C’est dans le même registre, mais de manière plus vorace encore, que s’inscrivent l’Association des Responsables des APEE de l’Ouest (ARAPEE) et l’Association des Professionnels de l’Education (ASPEDUC) qui prétendent en violation flagrante de la règlementation sur la gestion des fonds des APEE, recruter, titulariser, former, employer et payer les enseignants vacataires de la région, sur la base du prélèvement obligatoire du tiers des fonds de chaque APEE au prétexte angélique d’assurer un meilleur avenir professionnel et des conditions de vie plus décentes à cette importante catégorie de personnel. Idée louable s’il en fût, mais qui laisse transparaître par son amateurisme, une grosse arnaque cousue de fil blanc.

Saisi par l’Organisation Nationale des Parents pour la Promotion de l’Education et le Développement (ONAPED), le Délégué Régional des Enseignements Secondaires pour l’Ouest n’est pas passé par quatre chemins pour dénoncer cette tentative de faire mains basses sur les fonds des APEE : « Tout en dénonçant à votre suite le caractère irrégulier de ces initiatives (…), j’observe d’une part que les textes actuellement en vigueur, qui encadrent le fonctionnement des APEE (…) prévoient que lesdits fonds sont essentiellement inclus d’office dans la rubrique « projet d’établissement » propre à chaque unité scolaire, et d’autre part que ces textes n’ont envisagé ni une structure de coordination des APEE des établissements ni la gestion d’une partie desdits fonds par une structure tierce, hors des établissements. En conséquence, la Délégation régionale veillera, dans son domaine de compétence, que la règlementation en matière de fonctionnement des APEE soit scrupuleusement respectée dans les établissements ».
Des milliards comme enjeu…

L’on ne peut comprendre cet intérêt marqué de certains pour les APEE que sous le prisme des milliards mobilisés par les parents d’élève à l’Ouest. La bataille actuelle vise à en contrôler la gestion en se servant au passage. Même l’argument de l’accélération du processus de décentralisation et du développement local avancé par l’ARAPEE ne tient pas la route ce d’autant que les contributions des parents dans les APEE ne relèvent ni d’un impôt, ni d’une taxe et encore moins d’une redevance comme le prévoit la Loi N° 2009/019 du 15 décembre 2009 portant fiscalité locale (Titre VII, article 118). Si le Conseil Régional veut recruter, titulariser et payer les enseignants vacataires dans le cadre de sa Commission Education, il devra mobiliser ses ressources propres qui relèvent du domaine de la loi.

L’ONAPED, observatoire parental et d’analyse des politiques éducatives a déjà fait savoir sa position sur le siphonage des fonds des APEE à travers une déclaration et dans son récent communiqué. « Au regard de la clarification ainsi faite par la plus haute autorité des Enseignements Secondaires à l’Ouest, l’ONAPED en appelle une fois de plus à la vigilance des enseignants vacataires en particulier et de la Communauté Educative en général sur une entreprise hasardeuse susceptible de créer des frustrations, sources de remous et de tensions sociales », a écrit son Secrétaire Exécutif.

Augustin NTCHAMANDE


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