" La nation et le royaume offrent leurs remerciements pour la vie et le travail extraordinaire du prince Philip. " (Boris Johnson, le 9 avril 2021).
Le duc d'Édimbourg, dit par ailleurs prince Philip, Philip Mountbatten dans le civil ordinaire, aurait atteint les 100 ans ce jeudi 10 juin 2021. Il n'en était pas loin quand il est parti " paisiblement" vers d'autres cieux le 9 avril 2021. Un enterrement tout en gravité le 17 avril 2021 en la chapelle Saint-Georges du château de Windsor, présidé par la reine épouse Élisabeth II, qui vient, elle, d'avoir 95 ans il y a quelques semaines, avec des membres de la famille royale séparés pour des raisons de crise sanitaire. Sa dépouille attendra seule son épouse et il déménagera à la mort de celle-ci dans un autre caveau de la même chapelle, où repose le roi George VI, la reine mère Élisabeth Bowes-Lyon et la petite sœur Margaret.
Philip était à la fois le patriarche de la famille royale et la pièce rapportée qui n'avait aucun rôle vraiment officiel, à part de très nombreuses mondanités (plus d'un millier), parfois à vocations diplomatiques (il fut le premier de la famille royale à se rendre en Israël) et autres œuvres de charité qui ont parfois eu de l'influence (Philip était par exemple le président international du Fonds mondial pour la nature WWF après avoir fondé et présidé la section britannique). Ce qui faisait que c'était quand même un boulot à plein temps, qu'il a arrêté seulement à l'âge de 96 ans, à partir du 2 août 20217, épuisé.
Patriarche, il l'était et malgré les vicissitudes des histoires familiales, il pouvait être fier d'avoir quatre enfants, huit petits-enfants et dix arrière-petits-enfants. Une onzième arrière-petit-enfant est née après sa mort, le 4 juin 2021 à Santa Barbara, en Californie, Lilibet Diana Mountbatten-Windsor, seconde fille de Harry et Meghan, dont les prénoms sont un hommage à la grand-mère et à l'arrière-grand-mère de celle-ci. Philip devait être au courant de cette future naissance, car son attente fut annoncée dès le 14 février 2021.
Pour des raisons sanitaires, seulement trente membres de la famille ont été présents dans la chapelle pendant les funérailles qui ne furent pas nationales mais militaires (le prince consort souhaitait "partir discrètement"). On a demandé aussi aux Britanniques de ne pas offrir de gerbes afin d'éviter des attroupements.
Des pays comme la Grèce et le Danemark furent particulièrement touchés en raison des origines familiales de Philip : il était en effet le cousin du roi Paul I er, père du dernier roi de Grèce (roi des Hellènes) Constantin II (qui vient d'avoir 81 ans), ce dernier également beau-frère du roi d'Espagne Juan Carlos, et par cette famille, Philip était donc le petit-fils du roi de Grèce Georges I er et l'arrière-petit-fils du roi de Danemark Christian IX. Enfin, reine de l'Europe, Victoria était l'arrière-arrière-grand-mère tant de Philip que d'Élisabeth II.
L'enterrement du prince Philip fut retransmis en direct par les chaînes françaises. Rien que sur les deux principales chaînes, TF1 et France 2, et sans compter les chaînes d'information continue, plus de 5,4 millions de Français ont suivi en direct ces funérailles royales ce samedi après-midi-là, ce qui peut étonner pour un peuple intrinsèquement "républicain".
Il y a évidemment une part de conditionnement médiatique qui, par matraquage, peut influencer le téléspectateur français, mais il y a un réel intérêt pour la famille royale britannique du côté-ci de la Manche, peut-être depuis la venue dans la famille de la très charismatique et cosmopolite Diana. Je me souviens qu'à la mort de cette princesse, j'étais en vacances et une jeune amie (pas du tout britannique) était effondrée, comme si elle venait de perdre une jeune tante et confidente.
Du reste, d'un point de vue institutionnel, on imagine mal les Français revenir à la monarchie. Certes, comme les Britanniques, ils ont décapité un de leurs rois. Certes, ils ont besoin d'un "monarque" comme l'avait très bien ressenti Emmanuel Macron dès 2015, avant de leur proposer d'occuper cette place, mais ils ont besoin d'un monarque républicain, d'un homme providentiel qu'il admire avant de le détester, de le conspuer (voire de le gifler).
Les Français ne supporteraient pas d'attendre soixante-dix ans avant de changer de tête (couronnée), avant de dégager leur statue du commandeur. Ils ont un besoin irrépressible de changement et la durée limite est plutôt de deux ou trois ans (cinq ans est déjà beaucoup, dix ans seulement pour des personnages de la hauteur de De Gaulle), et pour les quatorze ans, ils ont pu s'aider des cohabitations qui permettaient une seconde tête de temps en temps, histoire d'éviter l'overdose.
Si les Français, comme d'autres nations, sont attirés par l'histoire ou plutôt les histoires de la famille royale britannique, c'est plus pour son côté divertissement, le côté série télévisée, où l'on connaît, à force, assez bien les personnages, qu'on reconnaît, qu'on étiquette (Harry sans doute voulait justement s'extirper de cette cage aux folles). En clair, c'est une sorte d'aquarium, l'aquarium où végéteraient nus ces personnages, selon l'image de Jean Lacouture, une sorte de téléréalité à la Loft Story avec ses grandes scènes d'amour, ses disputes, ses réconciliations, etc.
Ce vaste aquarium familial n'est pas de nature à pouvoir faire épanouir les individualités originales. C'est aussi pour cette raison que la monarchie est totalement anachronique dans un monde où l'épanouissement personnel se distingue de la destinée commune dans une collectivité. C'est sans doute ce qui distingue le fils, Charles, qui n'a jamais été à l'aise dans ce rôle prédestiné, rangé dans un tiroir, voire dans un congélateur en attendant, en attendant, et le petit-fils, William, qui semble prêt et très adapté à la fonction. Pour l'heure, c'est encore Lilibet la patronne...
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