En moins d’une semaine, les services du Contrôle supérieur de l’Etat (Consupe), la Direction générale des impôts (Dgi) et le siège du Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam) à Douala, ont reçu la visite d’usagers d’un autre genre. Qui a ouvert la boite de Pandore ?
« Le ministre des Finances porte à la connaissance du public que les services de la Direction générale des impôts sis à l’Avenue Foch ont été l’objet d’un cambriolage dans la nuit du 7 au 8 juin 2021. Les premières constations font état de plusieurs bureaux saccagés dans la quasi-totalité des onze étages de la tour principale de l’immeuble abritant la Direction générale des impôts », annonce Louis Paul Motaze, le patron des Finances, dans un communiqué de presse signé le 8 juin dernier. Les deux hauts lieux cambriolés partagent la particularité d’abriter les pans entiers des services du patrimoine financier de l’Etat et de son contrôle. Ce qui se passe pour l’heure est interprété dans plusieurs chaumières comme une tentative délibérée de fragiliser le porte-monnaie de l’Etat et de le rendre insolvable à tout point de vue sur la place de la Finance mondiale.
Cette situation pour le moins insolite arrive précisément au moment où le Cameroun est au creux de la vague dans ses négociations avec le Fmi et surtout avec l’audit lancé par le président de la République pour faire la reddition des comptes des fonds affectés à la riposte au Civid-19.Ce n’est plus un secret pour personne, beaucoup de ministres sont passés devant le Tribunal criminel spécial pour être auditionnés à cet effet. De cet exercice périlleux, il va de soi qu’aucune once de vérité vérifiable n’a filtré laissant l’opinion dans la désolation des supputations et des suppositions. A bien y regarder, c’est tout comme si Covidgate n’était pas très éloigné dans cette pandémie forcenée de cambriolage à ciel ouvert des bâtiments névralgiques ou stratégiques de l’Etat. Qui a ouvert la boîte de pandore pour laisser échapper des esprits maléfiques qui ont commencé à dévaster sur leur passage tous les hauts lieux qui traitent de la Finance publique ?
A qui le tour ?
Le scandale de l’affaire est que ces esprits-là frappent avec une audace déconcertante leurs cibles sans rencontrer la moindre résistance. Célestin Tawamba, le président du Gicam a lui aussi rendu public, que son siège a reçu la visite des cambrioleurs. « Dans la nuit du 8 au 9 Juin 2021, l’immeuble du Gicam sis à Bonanjo à Douala a été cambriolé par des individus non encore identifiés. Plusieurs bureaux ont été éventrés et de nombreux dégâts matériels constatés », lit-on du communiqué signé par l’homme d’affaires. Après le Contrôle supérieur de l’Etat (Consupe), la Direction général des impôts et le Gicam, quelle est la cible prochaine de leur forfait ? L’Etat du Cameroun n’a-t-il pas mis en place un système approprié de la riposte contre ces intrus nocturnes ? Dans leur modus operandi, ils prennent tout leur temps, s’emparant du bâtiment en totalité, et sèment le chao, emportant ce que l’opinion ne sait pas précisément.
Quel lien établir entre la Dgi et le Gicam si ce n’est une volonté délibérée pour les intelligences d’effacer ou de faire disparaître des preuves ? Le scandale s’épaissit avec la rapidité et l’aisance avec laquelle ils frappent. Par exemple à la Dgi, ils ont saccagé des bureaux dans les onze étages de la tour, sans rencontrer une résistance signalée. Heureusement que les caméras de surveillance pourront démêler les écheveaux, en livrant à l’opinion l’identité de ces esprits cagoulés qui veulent assécher les maigres ruisseaux qui alimentent les finances publiques. Le Messager dans cette mouvance a recueilli les réactions des acteurs politiques et de la société civile sur ce phénomène d’un genre nouveau qui préoccupe.