Soyons bien clair : la Cancel culture, cette délicieuse pratique para-démocratique qui consiste à utiliser tous les moyens de pression des réseaux sociaux, des médias et de la chasse en meute, n’existe absolument pas et le monde d’après vers lequel nous continuons de nous diriger joyeusement, youkaïdi, youkaïda, ne met pas tout en place pour museler les opinions dissidentes, aussi anodines soient-elles.
C’est ainsi qu’on assiste, aussi médusé qu’impuissant, au verrouillage méthodique des opinions possibles, de ce qui a le droit de cité et de ce qui sera systématiquement combattu et officiellement conspué. Et lorsque l’agenda (politique notamment) évolue, les mensonges et conspirations d’hier deviendront aujourd’hui, en toute décontraction, des opinions raisonnables.
Il faudra probablement beaucoup de temps et de courage aux historiens des siècles futurs pour éplucher et faire l’exégèse de la période actuelle tant les revirements sont nombreux et frôlent de plus en plus souvent le grotesque du mauvais côté de la tangente, le dernier cas en date étant l’opinion, pourtant crédible dès le début de 2020, que le virus pourrait s’être échappé du laboratoire de Wuhan, et qu’il pourrait être le résultat d’une expérimentation scientifique.
Si les preuves définitives n’existent pas (ou, pourrait-on supputer, ont été détruites par le régime de Pékin) et qu’on ne saura jamais de façon définitive ce qu’il en est, émettre cette hypothèse valait néanmoins anathème en avril 2020. Un peu plus d’un an après, la situation est à ce point trouble qu’elle vaudra probablement sa place au Dr Fauci, éminent conseil auprès de l’Exécutif américain sur les questions de santé et dont on peut raisonnablement imaginer qu’il était quelque peu impliqué dans l’expérimentation en question…
Dans ce cadre, il est particulièrement intéressant d’étudier la position des grands médias (presse et télévision) ainsi que des réseaux sociaux (Twitler et Facebook) qui, une fois de plus, s’illustrent par le biais partisan outrancier et l’absence de tout scrupule à écrabouiller une liberté d’expression qu’ils se sont tous pourtant engagés à protéger…
Tout comme les internautes avaient pu mesurer l’hypocrisie dégoulinante de Twitler lors de l’épisode de l’ordinateur portable de Hunter Biden, dont le contenu était extrêmement incriminant pour l’actuel président américain et son fils, et pour lequel le réseau social avait fait des pieds et des mains pour empêcher toute diffusion et toute enquête qui aurait complètement ruiné les chances de Biden d’accéder au poste convoité, Facebook s’illustre une fois de plus avec les mêmes manœuvres tordues affichant d’un côté un soutien de façade à la liberté d’expression et de l’autre mettant en place toutes les possibilités coercitives à sa disposition pour garantir l’étouffement complet des opinions dissidentes et des expressions divergentes de ce que l’entreprise a défini, unilatéralement, comme correct et acceptable.
Ainsi, alors que la société dans son ensemble, les institutions démocratiques officielles, les médias et les réseaux sociaux prétendent garantir l’intégrité et la protection des lanceurs d’alerte, les mêmes institutions, les mêmes médias et les mêmes réseaux sociaux se montrent progressivement de plus en plus impitoyables dans leur traque des déviants et de tous ceux qui tentent d’offrir un discours alternatif à ceux que ces grands réseaux reproduisent goulûment.
Grâce à l’habile appellation de « fake news » pour toute information qu’ils jugent non conforme à la doxa officielle décrétée assez unilatéralement par eux-mêmes, et par l’habile truchement de méthodes d’ostracisations (distribuer de l’anathème « complotiste » typiquement), les médias, les institutions, les politiciens et les réseaux sociaux façonnent de plus en plus une réalité alternative dont le lien est chaque jour plus ténu avec ce qu’on constate autour de soi.La dissonance qui en découle impose d’ailleurs des mesures de plus en plus drastiques de ces différentes entités, ce qui explique les récentes décisions de Facebook, depuis la traque des méchants « fuiteurs d’information » jusqu’au bannissement ridicule de l’ex-président Trump dont la parole semble encore beaucoup trop peser pour qu’on puisse le laisser ainsi s’exprimer.
On pourrait croire que ces pratiques sont l’apanage de quelques sociétés privées ce qui permet d’éviter le terme de censure. Malheureusement, ce qui s’est récemment passé au Danemark avec la suppression d’accès à Bitchute par l’État danois, sous prétexte que les informations que le site distribuait étaient fausses, n’est rien d’autre que ça.
On devra de même se demander dans quelle case classer les manœuvres actuellement employées vis-à-vis de Martine Wonner, une député française et psychiatre dont l’Ordre des médecins étudie actuellement les propos, jugés non conformes par quelques-uns de ses confrères. Peut-être pourra-t-on parler d’intimidation, voire de diffamation comme le font les avocats de la député ; il n’en reste pas moins que, quoi qu’elle dise et que ce soit vrai ou faux, on assiste ici à des opérations assez inquiétantes sur le plan de la liberté d’expression avec l’usage de mesures de rétorsion assez peu digne d’un débat démocratique, scientifique ou d’opinion.
Le pompon est sans doute largement atteint aux États-Unis où l’on peut observer les manœuvres actuellement déployées sans la moindre honte par différents organes – qui passaient encore vaguement pour sérieux jusque là, dont le New-York Times – pour détruire la réputation… d’un site satirique : on apprend que BabylonBee, l’équivalent américain d’un Gorafi excentrique, est régulièrement « vérifié » par les inénarrables « fack checker » de différents organes (dont Snopes), alors même que les titrailles humoristiques ne laissent absolument aucun doute sur la nature certes irrévérencieuse mais surtout parodique (et donc, par nature, fausse) de leurs productions.
En définitive, peu importent les motivations et les méthodes employées par ces troupes d’hypocrites puisqu’on sait, tous, où cela mène : petit-à-petit, le discours moyen, officiel et audible ne pouvant plus être qu’une soupe tiédasse sans la moindre aspérité, plusieurs phénomènes se mettent inexorablement en place.
D’une part, la parole officielle se décrédibilise de façon alarmante et logique : les rétropédalages de plus en plus grossiers et les violents volte-face imposent des positionnements d’équilibristes de plus en plus intenables qui ruinent tout espoir d’être cru. La parole politique ne vaut plus rien et la parole scientifique est en passe de la rejoindre dès lors qu’elle est issue des sérails officiels. On voit mal en quoi cela peut-être bénéfique à court, moyen et long terme pour l’Humanité.
Parallèlement, la traque impitoyable aux discours opposés n’entre plus dans le champ d’un sain rétablissement de la vérité mais dans la suppression d’une opinion dissidente ce qui revient à la fois à leur accorder du crédit et à les pousser à la clandestinité qui les rend impossibles à analyser et contrer par la raison. On a vu l’efficacité douteuse du procédé avec les discours de haine. Appliqués aux discours scientifiques et politiques plus généraux, c’est évidemment catastrophique.
Et forcément, ça va bien se terminer.
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