Paris, le 25 juillet - Alors que Barack Obama effectue une visite en France dans le cadre de sa tournée européenne, Greenpeace demande au candidat de réviser à la hausse ses ambitions en matière de lutte contre les changements climatiques. Lui qui déclare vouloir restaurer le leadership des Etats-Unis dans la lutte contre les changements climatiques, doit désormais afficher des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre à la hauteur des responsabilités du principal pollueur de la planète.
Avec seulement 5 % de la population mondiale, les États-Unis ont contribué pour plus d’un quart aux émissions de gaz à effet de serre (GES) actuellement dans l’atmosphère et demeurent les premiers émetteurs de la planète avec 24,3 % des rejets mondiaux de CO2. Pourtant le président américain George W Bush a toujours refusé de s’engager dans le cadre du protocole de Kyoto, a tout fait pour nuire aux négociations internationales, et n’a jamais engagé les Etats-Unis sur des objectifs chiffrés et contraignants de réduction à court terme de leurs émissions de gaz à effet de serre.
Les ambitions affichées par le candidat démocrate sont sans commune mesure avec les positions du président actuel : objectif de 80% de réduction des émissions de gaz à effet d’ici 2050 (par rapport au niveau de 1990), engagement de développer 25% d’énergie d’origine renouvelable d’ici à 2025, subventions pour le développement de la filière de 150 milliards de dollars sur 10 ans, ré-engagement dans la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques…
Mais l’engagement de court terme, qui consiste à revenir au niveau des émissions américaines de GES de 1990 à l’horizon 2020 demeure trop faible.
« Pour faire oublier le rôle destructeur de George W. Bush dans les négociations internationales sur le climat, Barack Obama doit assumer les responsabilités qui incombent aux Etats-Unis dans la crise du climat et s’engager à réduire d’au moins 25% d’ici à 2020 les émissions domestiques par rapport aux niveaux de 1990. C’est l’unique voie pour rattraper le temps perdu à négocier avec la pire administration sur le climat et montrer enfin l’exemple à suivre aux pays émergents », constate Karine Gavand, chargée de campagne climat à Greenpeace.
Tout l’enjeu des négociations internationales sur la deuxième période d’engagement du Protocole de Kyoto à l’horizon 2020 réside dans la capacité de la communauté internationale à définir une responsabilité partagée mais différenciée des engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale. « La négociation internationale échouera sans aucun doute si les Etats-Unis et l’Europe, principaux émetteurs de gaz à effet de serre, ne montrent pas l’exemple. Il est difficile d’exiger d’un pays comme la Chine, qui émet 4 tonnes de CO2 par habitant chaque année, de s’engager à réduire ses propres émissions quand les Etats-Unis, qui émettent 20 tonnes de CO2 par habitant et par an, n’assument pas leur part de responsabilité ».
A l’occasion de la visite du candidat Obama en Europe, Greenpeace demande donc que le candidat démocrate à la présidence s’engage sur des objectifs plus ambitieux : « Nous avons 100 mois pour agir, 100 mois pour inverser la courbe des émissions mondiales de gaz à effet de serre. C’est l’objectif à 2020 qui déterminera la réelle volonté politique du candidat américain à affronter le défi du dérèglement du climat. C’est cet objectif précis qui donnera le ton des négociations internationales, à l’heure où il ne reste plus qu’une année pour négocier la suite du Protocole de Kyoto », conclut Karine Gavand.