Pour mettre un terme à cette escalade de la violence qui prend des proportions inquiétantes, les responsables de cette formation sanitaire veulent la création d’un poste de police pour dissuader leurs bourreaux.
Le dernier cas qui a défrayé la chronique des faits divers s’est déroulé devant le service des urgences la fin du mois de mars dernier. Selon le récit des témoignages concordants, un week-end, un certain Idriss Confiance Mbé, présenté comme un inspecteur du trésor dans la région du Centre a fait son entrée à l’hôpital régional de Bertoua à bord d’un véhicule transportant un patient dans un état critique. Un expatrié de race blanche. Le nommé Park, de nationalité coréenne, bien connu dans le secteur minier à l’Est. Face à ce que son accompagnateur a considéré comme une forme de « négligence » du médecin qui s’apprêtait à l’accueillir, puisque le patient aurait rendu l’âme dans l’enceinte de l’hôpital, celui-ci n’a pas hésité de lui pointer son arme. L’affaire qui a fait grand bruit dans la ville s’est achevée en justice. D’après nos sources, les violences perpétrées contre les professionnels de santé sont récurrentes dans cet hôpital. « Les insultes c’est notre quotidien. On a appris à vivre avec. On a appris à ne plus répondre », déplore une infirmière. Même la directrice de l’hôpital n’est pas épargnée.
Lors d’un entretien avec le reporter de Le Messager, elle n’a pas hésité de lui faire écouter les « menaces de mort » dont elle est victime à travers les réseaux sociaux. « Après avoir identifié et localisé un de mes bourreaux, ses parents avaient débarqué dans mon bureaux tout en larmes pour me présenter des excuses », a expliqué Dr Huguette Claire Nguélé Meké. « En dehors des menaces verbales qui ne se comptent plus, le taux de violences physiques est élevé chez les infirmières et autres aides-soignantes. Et ces agressions surviennent beaucoup plus les week-ends. Parfois, ceux qui accompagnent souvent les victimes agissent sous l’effet de l’alcool ou des stupéfiants », affirme une infirmière à la retraite. Elle ajoute que dans cet hôpital, le personnel soignant est victime de tous types de violences.
Les violences physiques
Elles vont de celles à mains nues (bousculades, gifles, coups de poings et de pieds, étranglements, insultes, crachats) à celles avec armes. Le personnel de santé subit des pressions des garde-malades qui se plaignent parfois à tort ou à raison pour obtenir satisfaction. Ce personnel soignant se retrouve aussi confronté à des conflits familiaux. Le non-respect des prescriptions médicales et alimentaires, le manque de savoir-vivre avec d’autres patients, les problèmes d’incompréhensions, chacun voulant que son malade soit une priorité pour le médecin sont en quelques sortes à l’origine de ces agressions à répétitions. « En voulant prendre en charge une personne qui est en danger, parfois c’est elle qui vous met en danger », déplore notre source.
Création d’un poste de police
Bien que cet hôpital dispose des agents de sécurité d’une société de gardiennage, ceux-ci ne sont malheureusement pas outillés pour faire face aux menaces qui se présentent aux personnels soignants dans l’exercice de leurs fonctions. « Ce n’est pas normal de se faire traiter des noms d’oiseaux, de se brutaliser, de rentrer chez soi blessé, choqué ou en pleurs après avoir soigné des malades », dénonce un personnel soignant. Une situation exposée il y a quelques jours par Dr Fokouo Valentin, conseiller médical à l’hôpital régional de Bertoua à l’occasion d’une cérémonie officielle. Prenant la parole en lieu et place de la directrice, il a sollicité la création d’un poste de police au sein de cet hôpital pour la sécurité du personnel soignant et des usagers qui sont eux-aussi victimes de certaines exactions.