Quel plaisir de revoir du théâtre !
Quelle joie de venir à Ferney pour voir la dernière mouture de l’atelier théâtre dirigé de main de maître et surtout de main d’artiste par Marie-Laure Berchtold.
Après avoir vu il y a longtemps « Les lettres croisées », « Où vas-tu Pedro, « le lavoir », « Au bois lacté » et bien d’autres pièces, nous avions malheureusement raté « Le dialogue des carmélites » Pourtant, à chaque fois, c’est un plaisir de voir jouer les élèves de Marie-Laure dans une mise en scène toujours remarquable, cette année n’a pas failli à la règle.
La pièce prévue pour le printemps 2020 puis reportée en novembre était enfin visible cette semaine avec une jauge réduite et la contrainte du couvre-feu à 19 heures. Tant pis pour toutes ces contraintes, nous n’avons pas boudé notre plaisir. Un décor simple avec une grande balance en toile de fond. Une table, des livres en guise de sièges ajustables aux situations de comparutions immédiates et de procès très simples.
Justice est une pièce récente de Samantha Markowic mise en scène par Marie-Laure Berchtold.
Lumières : Daniel Rouiller
Distribution : Séverine Berger, Françoise Bernard, Françoise Chanel, Rima Hélou, Pierrette Litras, Anne-Marie Richard, Chloé Thébault.
Dès le début, le spectateur est plongé dans l’histoire en fil rouge de Sabrina Malard, victime d’un vol à l’arraché dans la rue.
La pièce nous invite au tribunal où se déroulent des scènes du quotidien de la justice française, toutes inspirées de faits réels. Se concentrant sur les délits et la petite délinquance, elle reconstitue l’appareil judiciaire et les conditions de la comparution immédiate, nous plongeant au cœur d’une justice en temps réel.
Cette immersion dans les couloirs du système judiciaire français s’avère captivante, mais drôle également.
Sept comédiennes se partagent les rôles et interprètent, chacune, les différents personnages – des déférés, des victimes, des magistrats, des avocats, des psychologues, des policiers – avec talent et brio.
Justice, une pièce intense qui décrit à merveille les tensions entre l’individu et l’institution juridique et qui fait écho à l’actualité. Un spectacle fort d’où on ne sort pas indemne !
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Le réalisme des situations, si bien rendu par le jeu des actrices (avec quelques rôles de mecs inculpés assez drôles), est tel que l’on en ressort un peu épuisé et plein de questions.
On a presque tous été, de près ou de loin, confrontés à la justice. Heureux ceux qui ne l’on jamais été car la justice est aveugle. Cette cécité est censée représenter l’impartialité mais nous savons tous qu’en fait c’est plutôt les jugements qui sont aveugles et que les plateaux de la balance, censés être en équilibre, penchent en réalité au hasard des opinions et préjugés de l’époque.
« Justice » rend bien ce malaise face aux délits et aux jugements, qu’ils soient de comparution immédiate ou pas même si on aimerait bien sortir de cette triste réalité par ces temps de covid.