La Représentation de la Cour pénale internationale (Cpi) en Côte d’Ivoire conteste les publications relatives à un message d’un juge de la (Cpi) concernant le retour de l’ancien Président ivoirien Laurent Gbagbo dans son pays.
Alors qu’un communiqué qui serait signé par le Juge à la Cour pénale internationale (Cpi) Chile Eboe-Osuji demande aux autorités ivoiriennes d’ « assurer le retour sécurisé » de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo et de son ancien ministre Charles Ble Goudé dans leur pays, un autre communiqué daté du 14 mai 2021 et signé par La Représentation de la Cpi à Abidjan, en Côte d’Ivoire, conteste la véracité de cette information. D’après le communiqué qui circule sur les réseaux avec la photo et le nom du Juge nigérian Chile Eboe-Osuji : « l’article 185 du règlement de la Cour stipule que les Etats ont l’obligation de recevoir sur leur sol tout personne acquittée et en assurer le retour sécurisé ».
Verdict définitif
Et ceci doit se faire «conformément aux accords de coopération judiciaire qui régissent les rapports entre la Cour pénale internationale et les Etats parties du Statut de Rome». Le même communiqué fait remarquer que le Juge Chile Eboe-Esuji «constate avec une vive inquiétude qu’une association se prévalant du statut des victimes formule le souhait que les acquittés soient jugés à leur retour dans leur pays, au point d’émettre des menaces virulentes». Tout en reconnaissant le droit aux victimes de tous les camps à obtenir justice, ledit communiqué souligne, en citant Chile Eboe-Osuji qu’«il est de mon devoir en tant que juge de rappeler qu’un verdict définitif a été rendu par la Cour dans l’affaire le «Procureur contre Gbagbo/Ble Goudé».
On peut lire dans suite de ce communiqué que «cette décision n’est susceptible d‘aucun recours et réhabilite les anciens prévenus dans tous leurs droits. En outre, un nouveau Procureur entrera en fonction dans quelques mois. Il aura la charge de mener de nouvelles enquêtes contre d’autres auteurs situés dans le camp adverse. Je conclus en mettant en garde tous les auteurs de troubles susceptibles de compromettre la sécurité et l’intégrité des acquittés dont nous avions la charge de juger». La chute dudit communiqué est cinglante: « Jusqu’à ce qu’ils regagnent leurs domiciles respectifs, messieurs Laurent Gbagbo et Blé Goudé sont sous la responsabilité de la Cour pénale internationale. Des poursuites internationales seront engagées contre les responsables d’actes de violence à leur retour».
Publications vraies ou erronées ?
Le communiqué de la Représentation de la Cpi en Côte d’Ivoire ne reconnait pas ce document : «La représentation de la Cour pénale internationale (Cpi) en Côte d’ivoire porte à la connaissance de l’opinion que les publications d’informations relatives à un courrier, qui aurait été traduit en français par le Greffe de la Cour, que l’ancien juge et président M. Chile Eboe Osuji aurait adressé récemment au Garde des Sceaux, ministre de la justice et des Droits de l’Homme de la République de Côte d’Ivoire, M. Jean Sansan Kambilé, sont erronées».
Mieux : «La Représentation de la Cour pénale internationale rappelle qu’elle est toujours disposée, conformément à son mandat, à fournir des informations crédibles à tous les médias dont le rôle est de bien informer les populations, ainsi qu’à toute personne ou structure intéressée». Il convient de préciser que Chile Eboe-Osuji a été élu le 11 mars 2018 président de la Cpi pour trois ans. Il est élu juge à la Cpi depuis le 16 décembre 2011. Il siège exactement à la Cpi depuis le 16 mars 2012. Ce magistrat nigérian a été auparavant procureur au Tribunal pénal international pour le Rwanda (Tpir) et Procureur au Tribunal spécial pour la Sierra Leone (Tssl).
Libres de rentrer au pays
La Chambre d’appel de la Cour pénale internationale (Cpi ) avait confirmé le 31 mars dernier l’acquittement de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé qui étaient poursuivis pour crimes contre l’humanité prétendument perpétrés en Côte d’Ivoire en 2010 et 2011 : Arrêté le 11 avril 2011 par les forces de M. Ouattara, M. Gbagbo avait été ensuite remis à la Cpi qui l’avait inculpé de quatre chefs d’accusation pour crimes contre l’humanité commis en 2010 et 2011 en Côte d’Ivoire et l’avait incarcéré dans son centre de détention à La Haye, au Pays-Bas. M Blé Goudé avait été remis en 2014 à la Cpi qui l’avait inculpé des mêmes chefs d’accusations de crimes contre l’humanité. Le procès dans cette affaire s’est ouvert le 28 janvier 2016. Le 15 janvier 2019, la Chambre de première instance I de la Cpi, à la majorité, avait acquitté MM. Gbagbo et Blé Goudé de toutes les charges de crimes contre l’humanité.
Le président de la Côte d’Ivoire Alassane Ouattara affirmait une semaine après leur acquittement définitif que l’ancien président Laurent Gbagbo et son ex-ministre Charles Blé Goudé étaient «libres de rentrer quand ils le souhaitent» dans le pays. C’était le mercredi 7 avril 2021 : «Des dispositions seront prises pour que Laurent Gbagbo bénéficie, conformément aux textes en vigueur, des avantages et indemnités dus aux anciens présidents de la République», avait ajouté le président Ouattara à l’ouverture du Conseil des ministres à Abidjan. Il précisait même que « les frais de voyage de l’ancien président et des membres de sa famille seront pris en charge par l’État de Côte d’Ivoire».