Cameroun – Affaire Cédric Momo : L’ouverture des débats le 02 juillet prochain

L’audience du 04 juin dernier a été renvoyée pour permettre à la défense de produire sa liste de témoins.

Des témoins ? Qui auraient assisté à la scène et soutiendraient que Léa Dipoko et Wilfried Joseph Mbarga sont innocents du crime qui leur est reproché ? Tout le monde est curieux de les voir et surtout d’entendre ce qu’ils auront à dire, pour la défense des accusés. Ces deux jeunes gens, âgés respectivement de 32 ans et 26 ans, sont accusés de l’assassinat en coaction de Cédric Momo, se souvient-on, le jeune médecin, tout juste sorti de l’école et qui entamait une brillante carrière, à seulement 25 ans. Le 04 juin dernier, était donc jour d’audience au tribunal de grande instance (Tgi) du Mfoundi. Au nombre des affaires inscrites au rôle, figure en 63ème position, celle intitulée « MP (pour ministère public)/Cédric Momo, contre Léa Dipoko et Wilfried Joseph Mbarga, tous sous mandat de dépôt du 11/11/2019 pour assassinat en coaction ».

C’est aux environs de 16 h que l’affaire est appelée ce jour-là, sous le chahut des autres détenus qui fatigués de la longue attente, ont déjà vu une vingtaine d’affaires défiler sous leurs yeux, sans que la leur ne soit appelée. On pouvait même entendre « nous sommes là depuis des années et ce sont les hier hier ci qui n’ont même pas encore duré en prison qu’on appelle avant nous ? Qu’on nous raccompagne, nous on veut rentrer chez nous ».
Pouvait-on entendre sortir des rangs. Pourtant, ceci n’a pas suffi à interrompre l’audience déjà ouverte : « l’affaire a déjà été appelée, nous allons seulement la poursuivre », lance la présidente de la collégialité. Et d’enchaîner directement à l’endroit du conseil des accusés : « Me, pourquoi n’êtes-vous pas prêts ? », en réponse à la demande de renvoi de ce dernier qui l’a tout de suite sollicité dès l’appel de l’affaire. Me Njoya, avocat commis d’office pour défendre les présumés assassins répondra qu’il n’a été constitué que lors de la dernière audience, et qu’il n’a même pas encore connaissance de l’affaire. La preuve, avant le début de l’audience, on pouvait le voir avec ses clients au fond de la salle en grande discussion sur certainement la ligne de défense à adopter. Une discussion qui à en juger par la demande de renvoi de ce dernier, n’a pas connu une issue heureuse, les différents accusés ne s’entendant pas sur une seule version de fait.

Larmes et déception

Selon des indiscrétions, le nommé Léa Dipoko, principal accusé et identifié par le témoin de l’accusation comme étant celui qui s’en est pris à Cédric Momo sous ses yeux ce matin-là, veut faire porter toute la responsabilité du crime à son coaccusé Wilfried Mbarga qui refuse d’endosser seul la responsabilité de ce crime. On pouvait entendre par moment, au cours de leur discussion privée « oui j’ai tué, j’ai tué, va alors dire », venant de Léa Dipoko. Quoi qu’il en soit, suivant la défense dans sa demande, la présidente de la collégialité a de suite renvoyé l’affaire au 02 juillet 2021 pour présentation des témoins de la défense et suite de la procédure. Une déception quand même pour la mère du jeune homme tué, qui déjà, à peine l’affaire avait-elle été appelée que cette dernière versait déjà des larmes, certainement en souvenir de la douleur ressentie il y a à peine un an.

L’on se souvient encore des circonstances tragiques du décès de Cédric Momo. C’est le 3 novembre vers 23 h que Cédric Momo a quitté le domicile familial après avoir reçu le coup de fil d’un ami qui l’invitait à le rejoindre pour une soirée arrosée avec d’autres copains. Le 4 aux aurores, une dame, commerçante au marché de Mvog Atangana Mballa débarque au domicile des parents de ce jeune homme qu’elle connaissait pour l’avoir souvent aidé à porter ses bagages lors de ses retours du marché. Elle leur fait part d’une scène dont elle a été le témoin quelques minutes plus tôt devant son étal : elle a vu Cédric poursuivi par deux jeunes délinquants, dont elle pouvait parfaitement identifier l’un d’eux.

« J’étais avec un autre collègue du marché, il m’aidait à mettre mes sacs dans la voiture. C’est lui qui les a bien vus tous les deux, moi je n’ai vu que Léa, et le deuxième était de dos », argue-t-elle. Et de poursuivre : « je ne me suis pas inquiétée, car Cédric courait sans crier, j’ai cru qu’ils s’amusaient. Ce n’est que plus tard, quand j’ai entendu l’un d’eux dire “on a jeté le mougou dans le Mfoundi”, que j’ai pensé à alerter sa famille ». Ce sera donc après deux jours de recherche intense que son corps sans vie sera découvert dans les eaux du Mfoundi, derrière le lycée d’Ahala. Plus tard, le second témoin qui avait aidé à l’arrestation des suspects trouvera également la mort après agression par l’un de ses derniers et sa bande. Le premier témoin continue de craindre pour sa vie et celle de ses enfants, mais ne baisse pas les bras.