La Biélorussie détourne un avion de Ryanair pour arrêter un opposant politique qui désormais risque la peine de mort. L’Occident restera-t-il les bras croisés face à cette insulte et cette atteinte aux droits de l’Homme ?
Un avion de la compagnie Ryanair en provenance d’Athènes et à destination de Vilnius a été détourné vers Minsk afin de permettre l’arrestation de Roman Protassevich, journaliste et opposant politique de l’autocrate biélorusse Alexandre Loukachenko.
Invoquant une « alerte à la bombe » pour faire atterrir l’appareil, les autorités biélorusses ont envoyé un avion de chasse Mig-29 pour appuyer leur demande.
Roman Protassevich et sa petite amie ont été arrêtés à la sortie de l’avion. Le jeune journaliste de 26 ans encourt désormais la peine de mort pour s’être insurgé contre la répression sanglante qui s’abat sur la Biélorussie depuis maintenant plusieurs années.
« ACTE DE PIRATERIE »
Les protestations n’ont pas tardé à s’élever contre cet « acte de piraterie » partout en Occident, depuis les États-Unis jusqu’au sommet de l’Union européenne.
L’opposante numéro un au régime, Svetlana Tsikhanouskaya, demande des sanctions de la part de la communauté internationale. Elle-même réfugiée en Lituanie, elle estime que l’action du régime biélorusse témoigne de son sentiment d’impunité.
Force est de constater que Loukachenko n’hésite pas à violer le droit international pour parvenir à ses fins, et qu’il ne semble pas trop craindre les rétorsions de l’Union européenne. Survoler la Biélorussie devient désormais dangereux, y compris pour les compagnies étrangères. Pour certains, cet incident grave devrait motiver la communauté internationale à en interdire l’espace aérien.
Depuis l’élection contestée d’Alexandre Loukachenko à la tête de la Biélorussie, les manifestations de l’opposition se sont multipliées, entraînant une répression féroce de la part d’un des États les plus archaïques d’Europe. Le régime biélorusse est devenu un conservatoire paléocommuniste des pratiques dictatoriales de l’ancien bloc de l’est.
UNE JEUNE OPPOSITION DÉMOCRATIQUE
Soutenu à bout de bras par Moscou, Loukachenko a face à lui une opposition démocratique jeune et dynamique qui s’est appuyée sur les nouvelles technologies pour subvertir la propagande étatique.
En effet, Roman Protassevich est avec Stepan Poutilo le créateur de la principale chaîne d’opposition Nexta. Utilisant Telegram comme moyen d’organiser les manifestations contre le régime autant que comme média d’information direct, cette jeune génération de militants – Poutilo n’a que 22 ans quand il se lance dans la bataille politique – paie aujourd’hui un lourd tribut pour sa défense des libertés démocratiques.
Accusés d’être à la solde des puissances occidentales ou instrumentalisés par le bloc atlantiste afin d’affaiblir Poutine, les jeunes dissidents sont désormais considérés comme des terroristes et pourchassés comme tels. La persécution s’abat à tous les niveaux et déborde désormais les frontières de la Biélorussie.
L’Union européenne se laissera-t-elle insulter encore une fois comme face à la Turquie il y a à peine un mois ?