Quatrième de couverture :
Quand on découvre le colonel Protheroe tué d’une balle dans la tête dans le bureau du presbytère, le pasteur a déjà une idée de l’identité de l’assassin ou, en tout cas, sur un mobile vraisemblable. N’assiste-t-il pas au thé hebdomadaire de sa femme, où s’échangent potins et cancans ?
C’est dans L’affaire Protheroe qu’apparaît pour la première fois miss Marple, « une vieille demoiselle aux cheveux blancs et aux manières affables et distinguées » selon la description du narrateur du roman, le pasteur Leonard Clement, qui pense aussi que « sous son apparence fragile, miss Marple et capable de damer le pion à tous les fins limiers de la terre. » Le pasteur, tout proche voisin de la vieille dame, se retrouve dans l’embarras quand le colonel Protheroe, un notable peu aimé de sa famille et du village de St Mary Mead, est retrouvé assassiné dans le bureau du presbytère. Une lettre et une pendulette seront des objets déterminants pour résoudre l’enquête. Dans cette paroisse où les gens n’ont rien d’autre à faire que de s’observer les uns les autres et de se livrer au joyeux jeu des ragots, les suspects ne manquent pas. Il faudra toute la finesse de miss Marple et le calme du pasteur pour reconstituer les allées et venues des uns et des autres et démêler l’écheveau compliqué des « petites choses bizarres » qui truffent cette histoire. Au grand dam des enquêteurs officiels, l’inspecteur Flem et le colonel Melchett, qui se sont laissés aveugler par les évidences.
J’ai peut-être lu cette enquête quand j’étais ado mais je n’en avais aucun souvenir. J’ai beaucoup aimé l’ambiance de ce village où les cancans vont bon train (j’ai pensé aux romans de Barbara Pym, où les membres du clergé sont une denrée très convoitée) – certes les potins colportés par des « vieilles pies grièches » sont détestables mais ce polar existerait-il sans eux ? Le sexisme des hommes sous la plume d’Agatha Christie est lui aussi assez hérissant mais n’oublions pas que le roman date de 1927 et au bout du compte, la réussite de miss Marple l’emporte largement sur les réflexions de ces messieurs. Et j’ai beaucoup aimé aussi l’humour so british qui unit le pasteur et sa jeune épouse Griselda, le pasteur et miss Marple à qui rien, mais vraiment rien, ne peut échapper.
Agatha CHRISTIE, L’affaire Protheroe, traduit de l’anglais par Raymonde Coudert, Le Livre de poche, 2016
Le Mois anglais – en Lecture commune « Agatha Christie » avec Enna, Alexielle, Jojoenherbe et Stéphanie : merci pour cette bonne idée !