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Il était un petit navire

Publié le 04 juin 2021 par Bastienb

Ce titre évoque sans doute pour vous le refrain d’une chanson enfantine que vous aimiez, tout comme moi  fredonner lorsque vous étiez encore moussaillon ! Enchainant les couplets et les refrains sur un air joyeux, nos âmes enfantines ne se doutaient pas que derrière les paroles se cachait un drame terrible comme celui que vécurent les marins embarqués sur le célèbre navire « La Méduse« .

Nous vous proposons de découvrir aujourd’hui pourquoi cette chanson peut faire penser à la tragédie  terrifiante, mêlant politique, manque de responsabilité, privilèges et anthropologie  vécue  en 1816 par les marins de la frégate  commandée par le capitaine Hugues Duroy de Chaumareys.

La vraie histoire du petit navire

En juin 1816, la Méduse fait partie d’une division se rendant à Saint-Louis du Sénégal depuis l’île d’Aix pour y acheminer militaires, scientifiques, explorateurs et colons. Si la frégate possède déjà de nombreux milles à son compteur, son capitaine, mal apprécié de l’équipage  n’a pas navigué depuis de nombreuses années. Manque d’expérience, manque de chance s’en mêlent et voilà que le navire s’échoue sur un banc de sable, pourtant cartographié depuis longtemps !

L’équipage tente en vain de renflouer le bateau et décide finalement de construire un radeau pour alléger la frégate. Alors qu’elle s’apprête à re-  » naviguer sur les flots ohé ohé », un vilain coup de vent la projette sur le banc de sable et brise définitivement son gouvernail.

A bord, c’est la panique ! L’évacuation sur les 4 chaloupes et le radeau se fait en dépit du bon sens ou plutôt selon des critères de tri social ! Les « passagers de qualité » obtiennent une place de choix dans les chaloupes alors que les autres se voient contraints sous la menace des officiers de rejoindre le radeau de fortune amarré aux chaloupes.

Les vivres commencent à manquer Ohé, ohé

Mais bientôt les amarres sont rompues. le radeau et ses passagers se retrouvent livrés à eux-mêmes sans aucunes provisions si ce n’est un tonneau de vin que les officiers armés ne souhaitent pas partager ! Une mutinerie éclate faisant une soixantaine de victimes.

On tira à la courte paille celui qui serait mangé, ohé ohé

Les hommes ont faim et soif. Les blessés de la mutinerie hurlent de douleur et meurent. Le chirurgien  décide alors de découper des fines tranches sur les corps pour les déshydrater  au soleil avant de les manger.

Cet épisode a été rendu célèbre par Géricault en 1819, dans son immense tableau intitulé « Le radeau de la Méduse ».  Exposé au musée du Louvre, dans la grande galerie, il ne vous donnera certainement pas envie de fredonner « Ohé ohé » ! Même si on dit couramment que la musique adoucit les mœurs !

Au bout de 13 jours de dérive, le radeau est enfin retrouvé par un brick. Sur les 151 passagers, seuls 15 ont survécu, mais à quel prix !

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