Dans la perspective de coupe d’Afrique qui s’ouvre en janvier prochain, Equinoxe télévision et La Nouvelle Expression ouvrent une série sur l’histoire du sport roi en Afrique
Le foot bien avant 1957
Contrairement à ce que pourraient penser des milliers de fans de football dans le monde, la pratique de ce sport sur le continent africain commence bien avant 1957, date de naissance de la confédération africaine de football et la toute première édition embryonnaire de la coupe d’Afrique des nations au Soudan. L’histoire situe alors en 1860, l’arrivée de ce sport en Afrique, en tout début de la période pré-coloniale. Réservé tout d’abord à l’élite raciste blanche, les populations noires sont dans un premier temps tenues très loin de ce sport, mais c’était sans savoir la capacité du football à vite déborder les limites d’un champ restrictif virtuel. Une fois l’Afrique décapitée à la Conférence de Berlin de1884- 1885, les forces d’occupation prennent possession du continent, imposant ségrégation, exploitation, tortures, cherchant surtout à freiner l’essor d’un sport qui va vite devenir un moyen de lutte, d’éveil de conscience pour l’affranchissement des peuples opprimés aux quatre coins du continent. Ainsi le Magreb, l’Afrique de l’Est, l’Afrique de l’Ouest, l’Afrique centrale et l’Afrique australe, les administrateurs coloniaux et les missionnaires usent de la force et tout type de ruse pour détourner les africains de ce moyen d’expression qui bousculent tout sur le complexe d’infériorité de sous hommes. Face à la ségrégation blanche des clubs locaux, naissent à profusion entre 1910 et 1930, mettant en ébullition le Maghreb avec par exemple le Front de Libération Nationale en Algérie, un mouvement qui n’épargne pas l’Afrique Occidentale Française, l’Afrique Equatoriale Française, l’Afrique de l’Est, le pays continent, le Congo Belge et toute l’Afrique australe avec la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud.
Le compte à rebours à 224 jours
Partie de ses premiers balbutiements en 1957 au Soudan, la Coupe d’Afrique des nations de football est devenu un rendez-vous sportif majeur, faisant vibrer tous les deux ans, des milliers de fans de foot sur le continent au gré de leur passion survoltée. Au fil du temps, la compétition a pris des galons drainant de colossaux enjeux sportifs, marketing et commerciaux.
De gros annonceurs se bousculent continuellement autour de l’évènement du vrai foot businness à coup de milliers de milliards de francs de sponsoring, l’achat des droits de retransmission télé a enrichi la Confédération Africaine de Football sous les 29 ans de règne du camerounais Issa Hayatou à la tête de l’instance faitière du football africain. Ce qui a permis d’accroitre les enjeux financiers, augmentant la cagnotte des équipes participant au tournoi. Par exemple, les 24 qualifiés qui foulaient le sol égyptien en 2019 touchaient 300 millions de Fcfa, avec un pactole tout spécial pour le vainqueur de l’épreuve ; les Fennecs d’Algérie, 2 600 000 000 de Fcfa, soit une embellie 325 000 000 Fcfa de plus que les Lions indomptables en 2017, avec 2 275000 000 deFcfa. Les enjeux financiers sont davantage énormes, stimulant de plus en plus d’enjeux sportifs pour une amélioration des performances de chaque équipe à se battre corps et âme pour décrocher le mirobolant jackpot, mais surtout remporter le prestigieux trophée et espérer réduire la longueur d’avance des pharaons d’Egypte, déjà tenant du titre, sept fois sans concurrent.
En 64 ans d’existence, elle a connu de nombreuses transformations dans sa gestion et son organisation. De trois équipes au coup d’envoi du 10 février 1957 à Khartoum, le nombre de participants passe à six à l’édition de 1963 au Ghana, huit en 1968 en Ethiopie, douze à l’édition de Sénégal 92, seize pays d’Afrique du Sud 1996 à 2017 puis à 24 dès la 32e phase finale de 2019 en Egypte pour un total de 1664 buts marqués, soit une moyenne de 52 buts par édition. Sur 54 pays, 18 ont abrité le tournoi et 14 sélections nationales l’ont remporté avec sept titres pour les pharaons d’Egypte, les lions indomptables du Cameroun cinq, quatre pour les Blacks stars du Ghana, les super Green Eagles du Nigéria trois, Les Léopards du Congo Kinshasa, Les Eléphants de Côte d’Ivoire et les Fennecs d’Algérie deux trophées chacun ; et enfin Les Walya antelopes d’Ethiopie en 1962, Crocodiles du Soudan à domicile en 1970, les Diables rouges du Congo en 1972, les Lions de l’Atlas du Maroc en 1976 en Egypte, les Bafana Bafana d’Afrique du Sud en 1996, Les Aigles de Carthage de Tunisie en 2004 et lesz Chipolopolo de Zambie, victorieux en 2012 de la 2e Can co-organisée par le Gabon et la Guinée Equatoriale.
De même, la coupe d’Afrique des nations a révélé aux yeux de l’Afrique et du monde, des joueurs d’exception, des talents à l’état pur, des génies du ballon rond, des esthètes du beau jeu, des artistes surdoués, des entraineurs charismatiques et fins tacticiens ; le public sportif africain et mondial aura tout vu : la panthère malienne, Salif Keita, premier ballon d’or africain en 1970, le pharaon, serial buteur Hossam Hassam, la marque déposée du Fennec, Rabah Madjer, la grande classe aziz Bouderballa, le lion de l’Atlas, le bourreau des défense, Laurent Pokou, le lion indompté, Roger Milla, le Pelé africain, Abedi Ayew, le Maradona des tropiques, Augustine Jay jay Okocha, l’araignée noire et seul gardien de but double ballon d’or, Thomas Nkono, Joseph Antoine Bell, le dernier rempart africain, Patrick Mboma, le coup de patte magique, Samuel Eto’o le sommet des buts de la Can et quadruple ballon d’or africain… La liste de ces footballeurs de légendes est bien longue.
L’histoire de la CAN, c’est aussi des hommes à poigne à la tête du football africain, les Egyptien Abdellaziz Abdallah Salem, Abdelazie Mostafa ; le soudanais, Abdel Halim Mohammed ; l’éthiopien Idnekatchew Tessema ; l’empereur révolutionnaire du foot, Issa Hayatou ; le danseur, Ahmad Ahmad et l’espoir de tout un continent ; le sud-africain Patrice Motsepe, soit huit présidents en 64 ans d’existence de la CAF.
L’histoire de la CAN, ce sont surtout des souvenirs : des records, des exploits, des anecdotes, des scandales aussi, le foot au service de la politique politicienne, les racistes blancs d’Afrique du Sud, Hailé Selassié d’Ethiopie, Mobutu Seseko du Zaire, Kwame Krumah du Ghana, tous s’en sont bien servi comme opium du peuple, soit pour accroitre leur notoriété, mais surtout comme moyen d’affranchissement, de ralliement et d’affirmation de la liberté et fierté de tout un continent, des moments d’émotions chargés de symbole et d’histoire. A six mois du coup d’envoi la 33e phase finale de la coupe d’Afrique des nations de football du moins glissé de la terre camerounaise en 2019, EQUINOXE télévision vient vous faire revivre pour certains et vivre pour d’autres plus de 70 ans de vie d’un sport qui a transformé tout un continent, lui donnant même une place de choix dans le concert des grands évènements sportifs planétaires. CAN Cameroun 2021, c’est donc parti pour le compte à rebours d’une compétition nonstop jusqu’au 06 février 2022.