Ces agents de l’Etat réclament quatre mois de salaire que leur employeur peine à assurer, après qu’une partie de ses avoirs soit suspendue depuis 2019 par le ministère de la Santé publique.
«4 mois sans salaire», «Trop c’est trop, 4 mois!», «Monsieur le ministre, nous souffrons depuis quatre mois», «2019-2020-2021, devons-nous toujours manifester pour avoir nos salaires? Nous voulons une solution durable», «Le médicament non contrôlé est un danger pour la population; sauvez votre laboratoire»,… Des messages écrits sur des pancartes posés à même le sol, à l’entrée du siège du laboratoire national de contrôle de qualité des médicaments et d’expertise (Lanacome) ce 1er juin 2021. Ils exposent les problèmes dont souffre l’institution et l’origine du malaise dont souffre le personnel. Deux semaines déjà que le sit-in dure. Les pouvoirs publics font la sourde oreille aux revendications des employés de ce laboratoire pourtant passage obligé dans la distribution des médicaments et produits agroalimentaires importés par le Cameroun. D’autant plus que c’est cet expert en qualité qui approuve la bonne qualité des médicaments et produits agroalimentaires, afin qu’ils soient distribués sur le marché.
La marche annoncée ce 1er juin sur le site du ministère de la Santé publique, n’a pas eu lieu. « La Dg a promis qu’elle allait déposer les états des salaires au ministère, et qu’on attende ; ça a quelque peu refroidi les camarades», fait observer Jean Bart Ella Mba, le président du Syndicat départemental des employés de santé et de pharmacie du Mfoundi. «On va attendre le soir pour savoir s’il y a avancée», ajoute-t-il, peu rassuré. «De façon informelle, la Dg a fait cette déclaration de façon désinvolte. Elle n’est pas venue spécialement dire ça, mais était à son volant, de passage», souligne-t-il. «Les négociations sont en cours. Les état des salaires ont été déposés ce jour au ministère», renseigne Christophe Mvondo, le responsable de la communication du Lanacome, hier. Mais ce cadre ne peut garantir que lesdits salaires seront réglés le même jour.
Suspension de l’homologation de médicaments
En cet après-midi du 2 juin 2021, une dizaine d’employés campaient à l’entrée du Laboratoire. « Notre action vise à faire que les autorités nous suivent», assure Njoya Ibrahim, délégué du personnel. Les grévistes sont décidés à aller jusqu’au bout, en constatant que la tutelle technique qu’est le ministre de la Santé publique (Minsanté), joue le dilatoire. « Le personnel a écrit au Premier ministre le 15 février 2021 pour exposer sa situation. Le 17 avril, il y a eu une réunion avec le délégué régional du Travail ; la Dg n’est pas venue. Au 22 avril, il n’y avait toujours rien eu. Le personnel l’a relancé, en donnant un ultimatum de 15 jours pour entamer une grève», rapporte Jean Bart Ella Mba. « Le 26 avril, la Dg était présente à une autre réunion tripartite avec le délégué régional du Travail mais le ministre de la Santé n’est pas venu. Mais le délégué a promis qu’il va rendre compte à qui de droit, et donc au ministre de la Santé. Depuis, rien n’a évolué. Nous engageons ainsi le 5ème mois sans salaire», complète Njoya Ibrahim. Les employés qui cumulaient déjà quatre mois d’arriérés de salaire, ont dû patienter quelques jours après l’expiration de l’ultimatum. Désormais, ils ne veulent plus se laisser « distraire». Convaincus qu’ils sont, que « il y a des problèmes entre eux au sommet. Ça ne nous concerne pas».
La crise a commencé en 2019 lorsque le Minsanté a décidé de suspendre l’homologation des médicaments par le Lanacome. Pour se réapproprier les prérogatives de cet expert. «Ils ne reversent plus les quotes-parts puisque les médicaments ne sont plus contrôlés par le Lanacome », explique Njoya Ibrahim. Le Lanacome avait droit à 55% des frais d’homologation des médicaments. Le Lanacome est ainsi privé d’une bonne partie de son budget.