Transformé en véritable dépotoir, ce fossé qui s’est créé au marché Mokolo a réduit la chaussée de moitié, créant d’énormes bouchons.
Trente cinq (35) minutes en taxi pour rallier « Tsinga Elobi » à « Niki Mokolo », un tronçon de 200 mètres environ. Nous sommes mardi, 1er juin 2021, il est 14h. Un énorme embouteillage s’est formé dans cette rue, et c’est à peine si les voitures circulent dans les deux sens. A 50 mètres de « Niki Mokolo », un gros fossé s’est formé sur la voie, obligeant ainsi les automobilistes à circuler dans un seul sens. « C’est ce gros trou qui cause tous ces embouteillages », lance Rigobert, chauffeur de taxi. « Effectivement ! Il réduit considérablement la chaussée et nous pousse à rouler sur l’autre voie », rétorque un passager. En effet, ce fossé qui s’est formé en plein milieu de la route l’a réduite de moitié. Ordures nauséabondes, urines, déchets toxiques, excréments, crachats et détritus ménagers, ce trou encaisse tout. « Ce sont même ces immondices qui contribuent au délabrement de la route », ajoute le passager du taxi.
Formé à l’entrée de la rue qui mène au marché des vivres, ce trou a coupé la voie en deux, empêchant les automobilistes d’accéder au cœur du marché des vivres en passant par « Tsinga Elobi ». Ils sont obligés de contourner par « Bata Mokolo ». Jean-Pierre, commerçant, raconte ses peines : « mon véhicule ne peut pas accéder directement à ma boutique en passant par l’entrée de Tsinga Elobi. Du coup, je suis obligé de me garer sur la route et transporter la marchandise à l’aide d’un pousse-pousse ». À côté de cette fosse à l’odeur extrêmement pestilentielle, sont installés des vendeurs de vivres et de sacs. Ils semblent ne pas humer ce parfum nauséeux, concentrés dans leur recherche de la « nyama ». « Ma fille que veux-tu qu’on fasse ? Nous sommes déjà habitués à cette odeur. Nos narines n’hument plus rien », explique Jacqueline, vendeuse de légumes. En face d’elle, Nadine, esthéticienne, y a ouvert un salon de coiffure. Elle tente tant bien que mal de maintenir sa clientèle, qui est obligée de marcher sur la boue, les ordures et autres objets crasseux pour arriver jusqu’à son petit kiosque. « Ce n’est pas facile. J’ai déjà perdu plus de la moitié de mes clients. Ceux qui sont restés sont des clients qui me sont fidèles depuis des années, et qui connaissent la qualité de mon travail. Je me mets à leur place et je sais que ce n’est pas facile non seulement de traverser ce dépotoir, mais aussi de supporter ces odeurs nauséabondes », explique-t-elle.
A quelques mètres de là, c’est tout un autre décor qui est planté. Nids de poule, boue, flaques d’eau et caniveaux bouchés en disent long sur le délabrement de la route. Les motocyclistes doivent cravacher dur pour éviter les chutes. « Il ne se passe pas une journée ici sans qu’une moto ne tombe. Le mauvais état de la route nous fauche tellement. Surtout en cette saison des pluies », raconte Bernard, moto taximan. Ajoutés à ces chutes, les automobilistes se plaignent également des pannes que ces nids de poule engendrent sur leurs voitures. Etienne, taximan témoigne : « Mokolo c’est une zone que j’évite beaucoup car, non seulement elle est très embouteillée, mais ensuite les nids de poule endommagent les amortisseurs et les roues des voitures. Je ne parle même pas du fait de devoir me rendre à la laverie après chaque passage dans ce marché ».