Pablo Poblète, 50 ans de poésie

C’est Antemanha qui a attiré mon attention vers Pablo Poblète. Elle publiera courant juin un disque dans lequel figureront 7 Poèmes-Théâtraux de Pablo Poblète, « dans un langage vivant et ludique, poèmes métalliques issus de la période 1976-78, dans l’ombre de la dictature militaire au Chili qui a motivé le jeune poète à s’exiler le 26 janvier 1979, peu après avoir écrit le 7ème poème d’ACIER, intitulé "Contre-rêve". Depuis le port de Santos (Brésil), il parcourt en tant que marin, sur un bateau de marchandise grec, l’Afrique et l’Europe, avant son arrivée en France. »

En 2019, les éditions Unicité (où il dirige la collection « Poètes francophones planétaires ») ont publié un volume couvrant 50 ans de poésie. Il y présente en 780 pages son parcours, sa conception de ce qu’il appelle la psycho-poésie, « manière d’être naturelle, spontanée », dont l’improvisation est « la source fondamentale ». Il faut donc, pour en approcher la singularité, voir les vidéos sur sa chaîne Youtube, suivre ou visiter sa page Facebook

Tout choix dans son oeuvre laisse de côté tout le reste. Les mots que j’ai choisis aujourd’hui sont extraits d’un poème daté de 2006.

Cours ! Cours ! Clandestin de l’oubli et cache la cérémonie de tes adieux entre le froid et la limite maritime là où se donnent les mains ceux qui agonisent

Cours ! Cours ! Clandestin de la peau et creuse terre étrangère qui dort encore et ne sent pas tes pas ni ton ventre vide sur son ventre plein qui digère âmes

Cours ! Cours ! Clandestin de la terre qui échoue dans le sable de la mort prématurée sans avoir eu le temps de manger farine nouvelle et rêver d’un autre lit

Cours ! Cours ! Clandestin de la mer qui te coiffe avec désagrément de parfums naturels qui orbitent autour d’un gel continental qui accueille tes sandales

Cours ! Cours ! Clandestin de la nuit et bouge l’ordre de rochers morts en attendant les autres canots qui se dirigent vers la métropole de tes rêves faussés

Cours ! Cours ! Clandestin d’un destin qui poursuit ceux qui transgressent la voie incommunicable d’une pensée mouillée dans les dictatoriales lois de sécurité

Cours ! Cours ! Clandestin de la rosée et cache la vieille montre paternelle et l’image ancestrale qui pend de ton cou nu qui s’apprête à franchir la frontière
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