Comme promis, j'ai cogité toute la nuit.
La fameuse modernisation de la vie publique chère au président passerait par la modernisation de la Constitution. Or il a veillé à ce que rien dans la Constitution ne permette d'engager sa responsabilité (alors qu'il jouit déjà de l'immunité judiciaire pendant la durée de son mandat).
Il y a quelques jours, l'ancienne juge d'instruction Eva Joly a qualifié d'extravagante la décision de l'État de choisir la justice arbitrale dans le contentieux l'opposant à Bernard Tapie. C'est en effet une extravagance sans précédent en France : recourir à la justice privée non transparente dans une affaire où l'argent public est en jeu.
Eva Joly avait instruit le dossier Bernard Tapie sur les conditions de vente d'Adidas, elle peut donc être stupéfaite et sandalisée.
Actuellement conseillère du gouvernement norvégien dans le domaine de la lutte contre la corruption et le blanchiment, elle est aussi idéalement placée pour dénoncer un arbitrage privé sans contrôle ni transparence tenant les citoyens à l'écart, le contraire d'une pratique démocratique.
Accusant Nicolas Sarkozy de pratiquer l'abus de pouvoir elle constate :"celui ou ceux qui ont donné l'instruction de faire ceci ont mis l'intérêt supérieur des amis au-dessus des intérêts supérieurs de l'État".
En conclusion, cette affaire de constitution, ce serait pas pour se mettre hors de portée de toute forme de poursuite éventuelle ? Voilà qui me rappelle quelque chose, mais quoi ?
Mais oui: la fameuse modernisation de la vie publique ressemble beaucoup à une berlusconisation. Et dire qu'on considérait il y a peu de temps avec commisération ces pauvres italiens, victimes impuissantes d'un système de type maffieux...