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N’est pas toujours mouton qui l’on croit

Publié le 01 juin 2021 par Réverbères
N’est pas toujours mouton qui l’on croitFMG©2021
Lorsque le soleil commence à se coucher, je bénéficie d’un changement de pâture des moutons. Ils viennent s’installer juste devant moi. Les changer de prairies n’a pas l’air trop difficile. La fermière appelle et ils viennent tous se planquer devant la grille de leur pré diurne. La porte s’ouvre et ils traversent en rang la rue où personne ne passe pour retrouver leur garde-manger vespéral. C’est ce moment le plus intéressant : ils s’éparpillent tous occupant la totalité de la parcelle. Aucun esprit grégaire chez ces moutons : c’est juste du chacun pour soi !
Ce n’est pas vraiment le cas des êtres humains. Ceux-là, dès qu’un peu de (pseudo-)liberté est retrouvée, se concentrent en des zones diverses, mais où ce qui compte est qu’il y ait d’autres personnes. Par exemple, faire une manif avec plein de monde bien serré. Ou encore rejoindre un (petit) festival où l’on va pouvoir se sentir proches les uns des autres pour faire la fête. Ou bien, tout simplement, faire une petite terrasse où l’important n’est pas de se rafraîchir la gorge, mais de se sentir un pion parmi les autres pions dégustant ce droit humain fondamental de pouvoir s’engluer tous au même endroit. On se demande qui sont « les moutons » ?
Grâce à cette pandémie, aux confinements, aux différentes mesures prises par les autorités pour gérer tant bien que mal cette crise, jusque et y compris cette campagne de vaccination sans équivalent historique, et aux réseaux sociaux qui nous ont permis de voir s’épanouir sans état d’âme des milliers d’experts ultracrépidarianistes, on a vu ressurgir sans limite l’expression : « Mais tu n’es qu’un mouton » ! Cette formulation, toujours empreinte de mépris hautain, est assez étonnante quand on voit que la seule chose qui compte vraiment pour un mouton, c’est trouver son petit lopin d’herbe qui lui permettra de satisfaire son seul besoin : bouffer ! Surtout en ne s’occupant pas des autres.
C’est d’autant plus surprenant que c’est un amas de complotistes, d’antivax et autres négationnistes de la pandémie qui considère tous les autres comme des moutons. Or, s’il y a bien des personnes qui suivent le chemin tracé par d’autres, ce sont celles qui constituent cet amas. En réalité, elles s’inspirent toutes des mêmes gourous qui, sous couvert d’arguments pseudo-scientifiques, proclament haut et fort que la pandémie n’existe pas, qu’elle n’est pas si grave que ça, que les masques ne servent à rien, que les vaccins encore moins, que les vaccinés vont tous mourir dans d’horribles souffrances dans les deux ans qui viennent, etc. J’ai pris le temps de lire et d’écouter ces gourous (du style Serge Rader, pharmacien antivax qui vient de mourir après avoir attrapé la covid qu’il niait). S’ils ont une compétence, c’est avant tout en matière de manipulation. Et ça marche : leurs adeptes croient tout ce qu’ils disent, sans vraiment faire preuve de discernement. Attention : je ne dis pas que tout ce que disent ces gourous est faux. Je ne dis pas non plus que cette crise a bien été gérée par nos autorités. Je ne dis pas enfin qu’il n’y a pas des questions auxquelles il faut rester vigilant, en gardant son sens critique face aux tentatives de certains de monopoliser le pouvoir, de se faire un maximum de fric, etc. La seule chose que je dis, c’est qu’avant d’accuser les autres de « moutons », il est intéressant de se poser certaines questions sur son propre cheminement. N’est pas toujours mouton qui l’on croit.

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