Pierre Oba négocie avec le Cameroun le transit de minerai de fer jusqu'au port de Kribi.
L'exploitant minier Avima Iron Ore Limited dit avoir passé des années à préparer l'exploitation de ce projet et accuse le gouvernement congolais de l'avoir exproprié illegalement. C'est par voie de communiqué de presse publié hier dans differents journaux camerounais que l'exploitant minier Avima Iron Ore Limited a réagi à la visite de Pierre Oba, ministre d'Etat ministre des Industries minières et de la Géologie par ailleurs émissaire du président Denis Sassou Nguesso arrivé au Cameroun le 25 mai dernier et reçu en audience hier par le président de la République, Paul Biya : "Des media locaux ont rapporté que le ministre des Mines et de la Géologie de la République du Congo, Pierre Oba, et sa délégation sont au Cameroun pour négocier avec le gouvernement camerounais le transit du minerai de fer d'Avima Iron Ore Limited (" Avima ") à travers le pays jusqu'au port de Kribi. Cela fait suite à l'annulation illégale et l'expropriation d'Avima du projet par le gouvernement de la République du Congo. Avima s'oppose fermement à ces actions, rappelant qu'elle est la seule propriétaire légitime du gisement du minerai de fer Avima en République du Congo."
Le communiqué de presse cite Socrates Vasiliades, représentant d'Avima, filiale de Core Mining qui condamne : " Il s'agit d'un pas de plus vers la prise de contrôle illégale des actifs détenus par les investisseurs internationaux. Le comportement du Ministre Oba n'a aucun sens", dit-il. Et note que le ministre congolais n'a "manifestement pas réfléchi aux conséquences de ces actions illégales. Il est intéressant de noter que, plus tôt cette année, le Ministre Oba et d'autres dirigeants congolais ont promu le développement d'une voie ferrée de 1800 km jusqu'à Pointe Noire, laquelle doit être construite en deux ans avec un investissement de 10 milliards de dollars US. Nous le voyons désormais promouvoir l'exportation par le Cameroun, ce qui est non seulement une tentative pour nous spolier de notre titre minier et du fruit de notre dur labeur, mais également une tentative désespérée de reproduire tout ce que nous avons accompli dans cette région difficile", deplore Socrates Vasiliades. "Nous avons l'intention, promet-il, de faire valoir nos intérêts et nos droits sur le gisement de minerai de fer Avima, dont l'actuelle propriété est illégitime. Nous avons massivement investi dans le projet et en République du Congo. Nous avons investi des centaines de millions de dollars US sur une longue période, avec les encouragements du gouvernement et de ses dirigeants. Les mesures prises par le gouvernement congolais ne sont pas seulement illégales, mais elles sont également préjudiciables à l'ensemble du pays et à son peuple.
" Indifférence à l'égard des investisseurs ?
Socrates Vasiliades ne décolère pas : " C'est une nouvelle manifestation de l'indifférence du gouvernement à l'égard des investisseurs et du développement économique et social du pays dans lequel des millions de personnes vivent pourtant dans une extrême pauvreté. Le pays a besoin d'emplois et Avima aurait employé des milliers de personnes, et ce dès la première phase des opérations. Nous prenons toutes les mesures nécessaires pour protéger notre investissement contre les tentatives d'expropriation illégales de nos actifs et pour assurer l'avenir du projet ainsi que les milliers d'emplois qui en dépendent. " L'estimation initiale des pertes subies par Avima du fait de l'expropriation du permis minier dépasserait les 27 milliards de dollars US. Avima est conseillée par le cabinet d'avocats Clifford Chance et son équipe spécialisée en arbitrage international tous basés à Paris. Pour maître Greenberg, " Il est difficile d'imaginer un cas d'expropriation plus flagrant. Notre client a investi des centaines de millions de dollars et plus de dix années de travail sur ce projet. La mine était presque prête pour la commercialisation d'un minerai de fer de très grande pureté " .
Quid du gouvernement camerounais ?
Selon diverses sources, Avima a effectivement passé des années à préparer la production et l'exploitation de ce projet, qui ont abouti à la conclusion d'accords avec le port de Kribi, des sociétés de transport de marchandises, et les gouvernements congolais et camerounais. Le Jour apprend que Avima devait commencer la production et l'exportation en janvier 2021 et a lancé ce projet il y a 14 ans transformant " une zone aux sous-sols obscures en un gisement de minerai de fer de classe mondiale", précise le communiqué de presse. Le gouvernement congolais quand à lui reproche à cette entreprise de n'avoir pas respecté ses obligations de développer la concession Ce que nie Avima qui juge ce motif fallacieux. " Nous avons décidé au Congo, de rompre avec eux (les Australiens).
Et comme c'était un projet d'exploitation conjointe entre nos deux Etats, il faut donc recréer l'harmonie avec nos frères camerounais pour que la procédure puisse se poursuivre afin de tirer profit de cette ressource. Le Président Denis Sassou Nguesso m'a donc envoyé expliquer cette situation au Président BIYA, qui m'a prêté une oreille très attentive et m'a donné beaucoup d'orientations, beaucoup d'instructions, pour faire aboutir ce projet dans l'intérêt commun de nos pays et de nos deux peuples. " Ainsi s'exprimait Monsieur Pierre Oba, au terme de l'audience que lui a accordée Paul Biya.
Selon Rfi, le 13 mars, le Congo-Brazzaville a en effet attribué au Chinois Sangha Mining Development l'exploitation de trois gisements de fer dans le nord du pays. "Ces permis miniers, lit-on sur le site Internet de la radio, avaient d'abord été octroyés à trois sociétés liées à des intérêts australiens [Ndlr dont Avima] avant que le gouvernement congolais ne les reprenne en novembre, provoquant la colère des miniers. Ces derniers menacent le Congo de poursuites et réclament des milliards de dollars de dédommagement. L'affaire pourrait conduire Brazzaville devant un tribunal d'arbitrage londonien." La situation est du coup explosive pour le gouvernement camerounais aussi, va-t-il prendre le risque de s'exposer à de telles poursuites ? Ceci d'autant plus que les montants des dédommagements reclamés donnent le tournis.