Le gouvernement tchadien qui a le soutien de la France a accusé lundi l'armée centrafricaine d'avoir tué six de ses soldats lors d'une attaque d'un poste frontalier sur son territoire. Appuyée par les Russes et les Rwandais, l'armée centrafricaine est accusée de crime de guerre.
Dans un communiqué signé le dimanche 30 mai 2021 du ministre tchadien des Affaires étrangères, de l'Intégration africaine et des Tchadiens de l'étranger, Chérif Mahamat Zene "le gouvernement de la République du Tchad tient à informer l'opinion publique nationale et internationale que les forces armées centrafricaines (Faca) ont attaqué ce dimanche 30 mai 2021 à 05heures du matin le poste avancé de Sourou, en territoire tchadien, non loin de la localité de Mberé et à proximité de la frontière centrafricaine (...) Les assaillants lourdement armés ont tué un (1) soldat tchadien et en ont blessé cinq(5), et cinq autres ont été enlevés pour être ensuite exécutés à Mbang du côté centrafricain".
Une attaque meurtrière ciblée ?
Selon le gouvernement tchadien dont le comité militaire de transition a été adoubé par la France : "ce crime de guerre d'une gravité extrême et cette attaque meurtrière préméditée, planifiée et opérée à l'intérieur du Tchad, dont seul le gouvernement tchadien en connait les raisons, ne sauraient rester impunis". Pour le ministre tchadien des Affaires étrangères : "le Tchad tient le gouvernement centrafricain entièrement responsable des conséquences de cette agression caractérisée que rien ne justifie au moment où les deux pays cherchent à mutualiser leurs efforts pour relever les défis sécuritaires communs et à renforcer la coopération bilatérale".
Le communiqué du ministre tchadien se termine par ce message : "Le Tchad prend à témoin la communauté internationale, notamment la Minusca (la mission de maintien de la paix de l'Onu en Centrafrique, qui y dispose de 12 000 Casques bleus), l'Union africaine (Ua) et la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (Ceeac) de cette grave agression dont il est la cible" Appuyés par les soldats russes et rwandais, les soldats centrafricains poursuivaient au-delà de leur frontière des combattants rebelles de l'Unité pour la Paix en Centrafrique (Upc) d'Ali Darassa, l'un des plus puissants des nombreux groupes armés qui contrôlent une partie du pays et membre d'une coalition de rebelles qui tentent depuis décembre dernier de renverser le régime du président Faustin Archange Touadéra, d'après l'Afp.
Bangui pour une mission d'enquête conjointe
Dans un communiqué, le gouvernement centrafricain ne partage pas la version des faits du gouvernement tchadien. Les autorités de Bangui disent "déplorer les pertes en vies humaines et les blessés au sein des armées tchadienne et centrafricaine" et accusent les rebelles centrafricains que ses soldats "poursuivaient" d'en être responsables. Le gouvernent centrafricain affiche sa volonté de raffermir les relations "entre les deux peuples frères " et propose au Tchad "une mission d'enquête conjointe" La rébellion lancée par six des plus importants groupes armés qui se partageaient les deux tiers du pays n'a pas pu renverser le président Faustin Archange Touadéra, réélu fin décembre dernier.
La coalition des mouvements rebelles a été écrasée par endroits et repoussée hors des agglomérations grâce à l'intervention massive de centaines de paramilitaires russes du groupe de sécurité privée Wagner dépêchés par Moscou. Du côté de Ndjamena, le général Mahamat Idriss Deby s'est autoproclamé président de la République à la tête d'un Conseil militaire de transition (Cmt) composé de 15 généraux. Fils du président Idriss Deby Itno, - tué au front alors qu'il dirigeait une offensive de son armée contre des rebelles tchadiens-, le général Mahamat Idriss Deby a nommé un gouvernement civil et promis des élections " libres et démocratiques " au terme d'une période de 18 mois renouvelable une fois. On attend de voir la suite.