La sortie du Porte-parole du gouvernement et par ailleurs ministre de la Communication le 28 mai dernier est venu confirmer toute la rumeur dont bruissait tout le pays.
Sale temps pour les voleurs! René Emmanuel Sadi, dans son tempérament de diplomate et dans le souci de préserver le mince fil de la solidarité gouvernementale qui tient encore, n'a pas voulu dire que Paul Biya est terriblement remonté contre ceux de ses ministres qui ont pris ou auraient pris des libertés dans l'orthodoxie de la gestion des deniers publics. On l'aura compris, tous ceux qui sondent le sens des mots! " C'est ainsi que des membres du gouvernement et autres personnalités ont été appelés à rendre compte devant les institutions compétentes au nombre desquels le ministre en charge du Contrôle supérieur et la Chambre des comptes de la Cour suprême ", annonçait un Sadi René implacide devant la presse. Le propos mesuré, le diplomate qu'il est, bataillait de toute évidence en lui-même pour ne pas trahir toute l'émotion qui étrangle Etoudi en ce moment suite au constat des errements dans la gestion des fonds dédiés à la riposte Covid-19. " Ces instances de contrôle de gestion ont abouti à la production des rapports sur la base desquelles le chef de l'État a instruit des enquêtes judiciaires actuellement en cours près le Tribunal criminel spécial (Tcs) "affirme sans ambages le Mincom dans sa sortie.
René Emmanuel Sadi dit qu'après avoir lu, tout au moins les rapports des deux institutions précitées, Paul Biya a décidé d'en finir avec cette gabegie de trop. Comment comprendre que des responsables détournent des fonds destinés à protéger la vie des citoyens? Si dans une famille pauvre, les voisins du quartier cotisent des fonds et les mettent à la disposition de chef de cette famille pour soigner ses enfants et qu'il détourne cet argent pour aller assouvir ses plaisirs égoïstes, laissant la famille à son triste sort, comment va-t-on le traiter? Que feront ses bienfaiteurs? La réaction présidentielle d'envoyer l'affaire devant la justice trahit sa ferme intention de punir les coupables. Cette éventualité devient une urgence car oser détourner des fonds de la riposte Covid-19 est aussi coupable qu'une tentative de déstabilisation des institutions de la République.
Pour l'instant, il faut convenir avec René Emmanuel Sadi qu'aucun ministre ou responsable ne doit être nommément cité à l'heure actuelle de la procédure comme coupable de détournement de ces fonds Covid-19. Seule la justice va le dire aux termes des enquêtes et des débats contradictoires. " Aussi le gouvernement de la République regrette-t-il et déplore cet état des choses et en appelle à la retenue et au sens de responsabilité de tous, pour éviter de jeter l'opprobre et condamner sans réserve les membres du gouvernement et autres personnalités ayant été appelés à participer à la gestion de ces fonds publics, tant il est vrai que nul ne peut être condamné à priori d'un fait quelconque alors même que sa culpabilité n'est pas établie ", conseille-t-il aux Camerounais face à cette fâcheuse situation.
Confiance à la justice camerounaise
Le défilé à la queue leu leu des ministres et personnalités impliqués dans la gestion des fonds Covid-19, n'a absolument rien à voir avec les feuilletons de cinéma joués pour amuser la galerie. Que nenni ! Les fins limiers du Tcs, devant les vases dorées débordant de scandales, boivent du petit lait en étalant les preuves accablantes qui tiennent tel ministre ou tel responsable. Des bruits qui remontent du Centre Administratif de Yaoundé, le quartier de la justice, beaucoup de ministres et autres quittent les lieux dans une affliction totale car les rapports du Consupe et de la Cour des comptes sont faits de béton. A l'allure où les choses se disent, un pan entier du gouvernement du NnomNgui pourrait bientôt aller méditer sur son sort à la maison d'arrêt de Kondengui. Emmanuel Sadi ne le dit pas moins en des termes précis: " dans cette perspective, le gouvernement de la République demande à nos concitoyens de faire entièrement confiance à la justice camerounaise qui saura prendre ses responsabilités dans le respect des droits et de la dignité des personnes concernées ".
Cette fois, on aura compris, ceux qui se seront rendus coupables de la distraction des fonds Covid-19, sont déjà conscients qu'ils sont tombés à jamais en disgrâce aux yeux de Paul Biya. En s'attaquant directement à la santé des Camerounais, face à la pandémie meurtrière du Covid-19, ont trahi visiblement " l'homme lion' à qui incombe au premier chef la santé des Camerounais. René Emmanuel Sadi, dans son discours sobre mais poignant, aura eu le grand mérite d'enfoncer la dernière pointe sur le cercueil des sceptiques du Covidgate. Dès que la boucle sera bouclée au Tcs, la messe sera dite.