Le septuagénaire et père de quatre enfants vend des chaussettes de friperie dans cet espace marchand depuis près de 40 ans.
Les cheveux blancs sur le crâne, les rides plein le visage, Emmanuel Mbeumfet a les cernes bien dessinés aux bas des yeux et l'iris noyés dans du rouge. A 75 ans sonnés, ce septuagénaire a passé une grande partie de sa vie au marché Nkololoun, où il y exerce depuis près de 40 ans dans la vente des chaussettes. Pa'a Tagni comme on l'appelle affectueusement est bien connu dans le coin. Il fait sans doute partie des doyens de cet espace marchand. Après toutes ces années à Nkololoun, son étal se résume aujourd'hui encore en une petite bâche étalée à même le sol. Il y dispose sa marchandise chaque jour. A bout de force pour résister au soleil, Emmanuel Mbeumfet a pris pour habitude de s'abriter de temps à autre sous le toit d'une boutique, à quelques mètres de la chaussée. De là, il garde un œil sur son comptoir et ne se lève que pour servir un potentiel client.
Le doyen se ravitaille en ballot. Mais il ne prend pas plus d'un ballot de chaussettes à la fois. Le ballot varie entre 60 à 80 000 F. Cfa, selon les périodes. Au détail, les clients se xx en chaussettes à 100, 200 ou 300 F. Cfa la paire. " Il y a des jours où je vends 1500 F. Cfa, souvent 2000 F. Cfa. C'est avec ça que je vis. Je ne fais rien d'autre. Aujourd'hui, je n'ai rien vendu avec tous ces mouvements de la police au marché ", fait savoir le septuagénaire qui s'est retrouvé au sol, lorsqu'un véhicule anti-émeutes de la police est arrivé en trombe vendredi 28 mai à Nkololoun. Face à l'adversité, Emmanuel Mbeumfet reste serein. " Même s'il y a les difficultés, on doit supporter. La vie c'est comme ça ", dit-il.
Le pilier de la famille
Pa'a Tagni doit s'occuper au quotidien de sa femme et quatre enfants. Ces derniers sont certes tous déjà majeurs, mais n'ont jusqu'ici pas pu décrocher un emploi stable. Emmanuel Mbeumfet doit donc se plier en quatre aujourd'hui encore pour supporter la quasi-totalité des charges. A 75 ans, c'est encore lui le pilier de la famille. Il a dû annuler les frais de transport pour rallier le marché ou son domicile. Il préfère effectuer cette distance à pied. " A la maison on ne mange pas bien. Ici, on se débrouille seulement. On a quoi pour payer une place à 100 000 F. Cfa. Depuis mercredi, le marché est au poids mort ",