––Maintenant, font barreau et verrou,
Il faut que tu voies les choses telles qu’elles sont.
Ouvre les yeux, rends-toi enfin compte
Que la réalité n’est que désolation. »
––Tout n’est, ai-je répondu, que vide et pâleur
Comme un livre à colorier resté sans couleurs.
––Maintenant que tu ne te voiles plus la face.
Rends-toi à l’évidence, font les tristes couloirs :
C’était puéril de ta part de saupoudrer
Le monde de délices et de gloire.
––Le monde, ai-je répondu, n’est pas, ne sera jamais ça,
Si, pour l’emplir et le crayonner, un cœur est là.
*
At Moorditch
« Now, » said the voice of lock and window-bar,
« You must confront things as they truly are.
Open your eyes at last, and see
The desolateness of reality. »
« Things have, » I said, « a pallid, empty look,
Like pictures in an unused coloring book. »
« Now that the scales have fallen from your eyes, »
Said the sad hallways, « you must recognize
How childishly your former sight
Salted the world with glory and delight. »
« This cannot be the world, » I said. « Nor will it,
‘Till the heart’s crayon spangle and fulfill it. »
***
Richard Wilbur (1921- 2017) – Traduit de l’anglais (U.S.A.) par Jean Migrenne.
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