C’est avec un plaisir gourmand que les médias nous apprennent ces derniers jours les prochaines évolutions de la formidable application gouvernementable de suivi pandémique TousseAntiCovid : grâce à tout ce que la « French Tech » connaît de petits génies de l’informatique, cette dernière va prochainement intégrer le « pass sanitaire ».
Eh oui, à compter du 9 juin, la date choisie en France pour la mise en place du « pass sanitaire », l’application verra le déploiement du « carnet de rappel numérique », dont l’objet serait de permettre la traçabilité des cas contacts dans les bars, les restaurants ou les salles de sports. Cette nouvelle fonctionnalité qui revient donc à pister les potentiels infectés sera donc prochainement disponible dans cette application dont les versions se suivent et se ressemblent surtout dans leur opacité technique et de financement.
On se souvient en effet de la version précédente, StopCovid, parfaitement catastrophique à l’usage avec un drain notoire de la batterie, une anonymisation douteuse des données, un usage médiocre et finalement un impact nul dans la gestion épidémique.
Sa mise en place avait été l’objet de plusieurs polémiques non seulement sur son code, aussi franco-français que mal foutu, que sur les frais (consternants) qui avaient accompagné son déploiement et sa maintenance extrêmement coûteuse. La légalité même du financement de l’ensemble de l’opération est tellement sujette à caution qu’une plainte a même été déposée par Anticor pour favoritisme des sociétés concernées, illustration supplémentaire d’un capitalisme de connivence baveux dont toute cette pandémie n’aura été qu’une suite d’exemples tous plus sordides les uns que les autres, et tous plus évités et pudiquement oubliés par une presse devenue à ce sujet parfaitement inutile.
TousseAntiCovid, la version suivante, améliore quelques uns des points noirs des premiers essais (rassurez-vous : le financement reste toujours aussi propret), et l’évolution récente permet de dessiner la tendance globale qui vise à pousser tous les citoyens sur la version électronique du carnet de vaccination d’antan. Si le papier reste toujours possible pour les has-been et autres largués du progrès technophile, le smartphone semble de moins en moins contournable, et tant pis pour ceux qui n’ont pas les moyens (financiers ou intellectuels) ou qui n’ont juste pas l’envie d’avoir un téléphone portable pour simplement prouver qu’ils sont des humains fréquentables.
La norme est donc posée. Aux Français de s’adapter et tout ira bien.
Cependant, on ne pourra s’empêcher de noter quelques problèmes graves posés par cette nouvelle mouture : en fait, il n’y a aucune transparence sur la façon dont les données sont collectées, assemblées, conservés, et l’utilisateur lambda n’a aucune idée réelle de la nature même des données qui sont effectivement récupérées par l’application. Si l’on peut supposer que ces données sont collectées de façon raisonnable, l’historique de l’État en la matière impose de commencer par s’inquiéter, de poser des question avant de donner quelque acquiescement que ce soit.
Pire : cette application, dans la droite ligne de ce qui a été pondu jusqu’à présent, continue d’autoriser un copinage capitalistique de quelques gros acteurs proches du gouvernement pour continuer à toucher de l’argent gratuit du contribuable. Dans ce contexte, il est impossible de ne pas imaginer pour les données collectées toutes sortes de dévoiements parfaitement en ligne avec les intérêts particuliers de ces sociétés et pas du tout ceux de la collectivité.
Les dérives possibles sont si flagrantes qu’on en arrive au point où même le premier secrétaire du PS, l’insipide Olivier Faure, se retrouve à devoir rappeler des évidences sur des notions essentielles de libertés et de vie privée ce qui, de la part d’un organe politique qui a toujours été à la source des pires dérives attentatoires aux libertés et à la vie privée, laisse quelque peu songeur.
En pratique, absolument rien n’empêchera le pistage complet et total des individus avec cette application. Il n’existe en réalité aucun moyen simple, efficace de garantir le bon usage des données médicales collectées, la géolocalisation des individus,… permis par cette application. Il n’y a quasiment plus aucun contrôle démocratique des récoltes de données des individus ni sur le plan de la vie privée, voire intime, ni sur le plan médical.
Selon toute vraisemblance, ce « pass sanitaire » va devenir un véritable petit aspirateur à tout ce qui peut passer dans le téléphone. Oh, bien sûr, ce ne sera pas le cas au début où on peut parier sur affichage d’encadrement très ostentatoire. Mais l’usage, les besoins « impérieux » des administrations et des hommes de pouvoir, les petites retouches et évolutions progressives rendront progressivement tous ces encadrements caducs pour arriver au moment où cette application ne sera plus éloignée des meilleurs logiciels de contrôle social chinois.
Pour le moment, l’usage de ce bricolage douteux sera rendu obligatoire pour les événements de plus de 1000 personnes ce qui va indubitablement favoriser tous les événements de 999 personnes et moins. Reconnaissons d’ailleurs aux sénateurs le mérite d’avoir taillé dans les dispositions initiales – bien trop vastes – du projet de loi et d’avoir réussi à limiter la portée de ce nouvel outil de pistage gouvernemental puisque ce dispositif ne sera pas étendu aux activités du quotidien comme aller au restaurant, au musée ou faire du shopping, aller à l’hôtel ou en camping…Mais on comprend que ces limitations seront temporaires et on devra s’étonner de tous ceux qui acceptent le principe de ce nouvel instrument de pistage, les naïfs et les idiots utiles qui croient que cela permettra de « revenir à la normale », chose qui n’est pas prévue et ne sera jamais dans les cartons, et qui pensent que la loi permettra d’encadrer la gourmandise étatique. Cela ne s’est jamais vu ni en France ni ailleurs, le temporaire durant toujours bien trop longtemps, la loi étant toujours modifiée, amendée, élargie, les usages étant systématiquement détournés pour toujours accroître les prérogatives de l’État sur le citoyen.
En réalité, ce « pass sanitaire » est une abomination liberticide qui doit être combattue car elle est idiote par nature et délétère par principe.
Par nature, parce que ce pistage de plus en plus invasif, intrusif, des individus dans leurs activités quotidiennes n’a plus aucun rapport avec l’objectif affiché au début, limiter le nombre de malades en réanimation. Il est clair que la stratégie n’a plus aucun lien avec le nombre de lits occupés, ni même avec le nombre de morts mais tout à voir avec des objectifs purement politiques : on veut montrer à la face du monde et aux électeurs qu’on a réussi à vacciner tout le monde, qu’on a tout fait pour endiguer le phénomène et on confond ici largement gesticulations administratives, mesures coercitives et liberticides avec quelques précautions sanitaires d’utilité prophylactique.
Par principe ensuite parce qu’autoriser, une nouvelle fois, une perte de liberté pour une chimère de sécurité aboutira de façon évidente, claire, obligatoire, à une perte de liberté, de sécurité et d’individualité pour tous : seuls les imbéciles et les incultes (cumul possible) peuvent encore refuser les enseignements de l’Histoire.
À chaque fois qu’un pouvoir a cherché à pister, numéroter, traquer et surveiller chaque individu de sa société, cela s’est soldé par des dérives abominables. Prétendre niaisement que « cette fois, ce sera différent » n’est au mieux qu’une stupidité d’esprits enfumés par la propagande actuelle, au pire que la démonstration d’une sordide complicité dans ce qui aboutira inévitablement à de nouvelles horreurs.
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