Kerozene, Adeline Dieudonné

Par Antigone


J’avais eu un gros coup de coeur pour La vraie vie, le premier roman de Adeline Dieudonné, qui n’est pas un roman facile mais que j’avais trouvé original et fort, talentueux. Lorsque l’on m’a proposé de me prêter son nouvel opus, j’ai donc dit oui… Il est 23h12 dans cette station service le long de l’autoroute, une nuit d’été. Ils sont quatorze à s’y croiser, à cette heure précise, si on compte le cheval et qu’on exclut le cadavre planqué à l’arrière d’un gros Hummer. Adeline Dieudonné nous dresse alors le portrait de chacun, explique ce qui les a amené là, à l’aide de courts chapitres et de tranches de vie. Le lecteur retient cette truie couchée sur le canapé du couple qui invite Sébastien et son ami. On retient également le viol aquatique de Victoire, le mariage bien étrange de Julie avec un gynécologue, le massacre au sein d’un hameau et cette vieille femme mutique mangeant ses cerises en rythme. J’ai retrouvé dans ce livre le style de Adeline Dieudonné, sa manière bien particulière de traiter l’horreur. Il m’a manqué cependant un lien réel entre toutes les histoires qu’elle raconte. L’ensemble ressemble effectivement plus à une juxtaposition factice de textes ou de situations, qu’à autre chose. Et j’ai trouvé que, cette fois-ci, la violence était gratuite. Bien entendu, on peut saluer le fait que cette autrice nous malmène, sans retenue, et que pour une fois, c’est une femme qui le fait, qui nous donne du lourd et du trash. Mais cela ne m’a pas suffi ici. Il m’a manqué une véritable histoire, un lien réel. Ou alors que cet opus soit présenté comme il était peut-être prévu au départ, qui sait, comme un recueil de nouvelles ? Mais si il ne s’agit que de la malédiction du deuxième roman, en ce cas, attendons patiemment le suivant…

Editions l’Iconoclaste – avril 2021

J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…    

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